Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Un vécu parfois difficile et stressant pour les patients

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L’ambulatoir­e est une évidence pour les pouvoirs publics et les profession­nels de santé. Mais qu’en est-il du côté des patients ? Se sententils rassurés de regagner leur domicilie juste après avoir été soignés à l’hôpital ? Disposent-ils de toutes les informatio­ns nécessaire­s ? Eric Balez [photo ci-dessus], vice-président de l’AFA (Associatio­n François Aupetit), et patient expert, porte la voix des malades. Il donne un sens concret au débat sur l’ambulatoir­e en racontant sa propre histoire. Atteint de rectocolit­e hémorragiq­ue depuis l’âge de  ans, il a déjà combattu trois cancers. « Cet été, j’ai eu un problème de santé. Je suis allé au service des urgences, on m’a dit que je devrais être opéré, ce qui a finalement été fait… en octobre, en ambulatoir­e. Mais pendant ces deux mois et demi d’attente, j’ai eu beaucoup de difficulté à joindre les médecins. Ça a été un stress monumental de rester tout ce temps sans réponse précise. Après l’opération, je suis sorti de l’hôpital sans avoir vu mon chirurgien. Or je devais avoir une deuxième interventi­on qui dépendait de la première. J’aurais donc voulu le voir pour faire le point avant de rentrer chez moi. Le lendemain, je lui ai écrit un mail auquel il a immédiatem­ent répondu. J’ai confiance en lui, mais ce n’est pas ça le problème. Le problème, c’est ce stress : c’est très lourd au niveau moral ! Si on m’avait demandé ce que je préférais, oui, j’aurais voulu rester une journée de plus à l’hôpital. » Le Pr Philippe Paquis a tenu à rappeler qu’« en principe, le patient doit voir le chirurgien avant sa sortie ». Un protocole qu’il n’est toutefois pas toujours possible de respecter parce que les profession­nels enchaînent les rendez-vous et interventi­ons. Pierre Bruel, directeur médical d’Arkopharma remarque : « Le chirurgien ne pourrait-il pas s’appuyer sur une équipe capable de répondre en son nom au patient et/ou au médecin de ville ? » Patrick Malléa, le président de la Ligue contre le cancer , fait remarquer que « la revendicat­ion principale des patients est que tous les moyens soient mis en oeuvre pour assurer la qualité de la prise en charge en ambulatoir­e. Tout l’enjeu n’est donc pas tant la maîtrise chirurgica­le mais la bonne “sélection” des patients, et l’assurance que le retour à domicile se passe bien, pour éviter de n’avoir pour seul recours que d’appeler le . » Il résume : « Les patients souhaitent ce progrès. Seulement comment faire pour qu’il soit acceptable et viable pour tous ? » Le Pr Maurice Schneider, président d’honneur de la Ligue contre le cancer , rappelle qu’« ily a quelques années encore, pour une injection de produits, on gardait les patients un jour ou deux. Aujourd’hui, ils sont certes contents de rentrer rapidement chez eux. Mais cela peut aussi être source d’anxiété. » Un sujet qui préoccupe l’associatio­n : «Une grande étude va ainsi être lancée au niveau national par la Ligue contre le cancer sur les problèmes psychologi­ques chez les malades pris en charge par chirurgie ambulatoir­e », annonce le Pr Schneider.

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