Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Evra, le palmarès d’un hâbleur

Après son coup de sang à Guimaraes, Patrice Evra est dans l’oeil du cyclone

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Plus clivant tu meurs ! C’est pour une agression physique - un coup de pied sur un supporter jeudi en Europa League que Patrice Evra se retrouve dans la tourmente, lui qui a souvent déclenché ou alimenté des polémiques par sa seule verve. La principale a imprimé son nom en capitales sur la page la plus sombre du foot français, Knysna, en tant que meneur de la fameuse grève de l’entraîneme­nt à la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, après les insultes de Nicolas Anelka envers le sélectionn­eur Raymond Domenech, et son exclusion du groupe. « Le problème de l’équipe de France n’est pas Anelka mais le traître qui est parmi nous. Il faut éliminer ce traître du groupe », réagit le capitaine des Bleus, obnubilé par la traque de la « taupe ». Lilian Thuram demande sa radiation à vie des Bleus ? « Il ne suffit pas de se balader avec des livres sur l’esclavage, des lunettes et un chapeau pour devenir Malcom X », le tacle Evra. Il allume aussi sur TF1 des consultant­s, comme « Michel Fernandel » (Luis Fernandez): « Quand on lui a donné les clefs du PSG, à part sucer des Chupa Chups et danser la Macarena, je ne sais pas ce qu’il a fait ».

Chambreur

Mais également « Rolland Tournevis » (Rolland Courbis) ou les «clochards» Bixente Lizarazu et Pierre Ménès. « Tous ceux-là, si tu mets Rama Yade (l’ex-secrétaire d’Etat) arrière gauche, ils vont dire qu’elle est meilleure qu’Evra », cingle-til. De quoi se mettre à dos une bonne partie de la presse. Au printemps dernier, Evra en remet une couche, sur SFR Sport, à l’encontre de « Duarig » (Christophe Dugarry), «la seule personne au monde qui sait le nombre exact de poils pubiens que Zinédine Zidane a sur ses bijoux de famille». « C’est plus facile d’insulter les consultant­s, les journalist­es ou les anciens joueurs que d’être performant sur le terrain. Personne n’est dupe sur ce joueur qui devient pathétique en finissant sa carrière », réplique « Duga » sur RMC. Même au top de sa forme, Evra était chambreur. En mai 2009, le défenseur, après avoir éliminé Arsenal avec Manchester United en Ligue des champions, lâche : « C’était onze hommes contre onze enfants ». Son dernier geste chambreur ? Au bout d’un premier semestre 2017 mitigé à l’OM, il célèbre un but important (2-1 contre Nice en mai) en faisant... des pompes sur le terrain. «Je suis un gars cool, mais faut pas me chercher », explique Evra. Qui se sent investi d’une mission: « Si vous saviez le nombre de joueurs qui me remercient, qui souffrent de ces critiques. Ca va un peu de critiquer; mais il y a des joueurs qui sont traumatisé­s. Maintenant je vais peutêtre commencer à me porter garant pour tous les joueurs de foot quand certains (critiques) vont un peu exagérer ». Sa fin de carrière en demiteinte a connu une éclaircie, pendant l’Euro-2016 à domicile. Il revient alors en grâce dans le coeur des Français, en tant que grand frère ou « Tonton », le surnom affectueux que lui donne Paul Pogba, d’une équipe qui atteint la finale. Un documentai­re diffusé fin décembre révèle ses discours de motivation dans le vestiaire. Evra prend la balle au bond en devenant lui-même actif sur les réseaux sociaux. Mais ses vidéos décalées, marquées « I love this game » («j’aime ce jeu»), se retournent contre lui lorsque les supporters de l’OM se mettent à le railler. Evra tend souvent le bâton pour se faire battre. « J’ai du mal à comprendre qu’on idolâtre Cantona qui a eu beaucoup d’écarts, alors qu’Evra traîne ses erreurs comme un boulet » , le défend Daniel Bravo, ancien joueur et actuel consultant à beIN Sports. S’il vit son crépuscule, Evra, 81 sélections,

fut tout de même un sacré joueur. Le natif de Dakar, qui a grandi aux Ulis, en région parisienne, prend son essor à Nice (20002002), puis surtout à Monaco (2002-janvier 2006) après des expérience­s dans les divisions inférieure­s en Italie. Cet explosif défenseur au gabarit moyen (1,75 m, 76 kg) garnira son palmarès de nombreux titres à Manchester United (janvier 20062014), où il est l’un des capitaines d’Alex Ferguson, et à la Juventus (2014-janvier 2017). Il dispute cinq finales de Ligue des champions, pour une victoire (2008) et quatre défaites (2004, 2009, 2011, 2015). C’était avant Guimaraes. Depuis, c’est le trou noir. De son côté, l’UEFA rendra sa décision disciplina­ire le 10 novembre à l’encontre d’un joueur qui a réussi l’exploit de prendre un carton rouge avant le début de la rencontre.

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