Ne pas perdre la mémoire
Les associations patriotiques sont confrontées à une baisse des effectifs. Pour certains, il serait grand temps d’inventer de nouvelles formes de commémoration. D’autres évoquent l’idée d’une date commémorative unique. Notre dossier.
Le 11 novembre prochain, on célébrera le 99e anniversaire de l’armistice de 1918. Et même davantage. Avec la disparition du dernier poilu Lazare Ponticelli le 12 mars 2008, le 11 novembre est en effet devenu à partir de 2012 une journée d’hommage à tous les morts pour la France. Ce qui confère à cette date une solennité encore plus grande. Et dans tout juste un an, le centenaire de la fin de la première guerre mondiale devrait donner lieu à des célébrations grandioses. Les budgets ont, en tous les cas, été revus sensiblement à la hausse. Mais ce centième anniversaire pourrait sonner comme le chant du cygne pour le monde combattant. Même dans le Var, département pourtant le plus militarisé de France, qui abrite deux hauts lieux de mémoire nationale (le mémorial du Mont Faron à Toulon et celui des guerres en Indochine à Fréjus), ainsi que plusieurs nécropoles nationales, les associations patriotiques déclinent.
Plus que dix compagnons de la Libération en France
L’office national des anciens combattants (Onac), qui y compte quelque 70 000 essortissants, n’en fait pas mystère. Malgré les 150 associations nationales et départementales présentes sur le territoire du Var, auxquelles il faut ajouter quelque 500 associations locales, « le monde combattant est en diminution ». Aucune génération du feu n’est désormais épargnée. Si la première, celle de 14-18, s’est éteinte en 2008, la seconde voit également ses rangs se clairsemer. Pour seul exemple, les compagnons de la Libération ne sont plus qu’au nombre de dix sur l’ensemble du territoire national ! Les vétérans d’Indochine ou de l’Algérie n’échappent pas à cet inévitable destin. Ainsi, «les associations d’anciens combattants des conflits indochinois ne sont quasiment plus actives», affirme l’Onac. Quant à l’Afrique du Nord, « la diminution des gros bataillons d’anciens d’Algérie devrait se faire sentir rapidement et modifier leur assise ».
Trop de commémorations ?
Le salut de la mémoire de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour les valeurs de la France passera peut-être par la 4e génération du feu, plus communément appelée Opex, pour opérations extérieures. Mais, toujours aux dires de l’Onac, cette génération « se mobilise malheureusement assez peu dans le département et ne s’investit pas encore au niveau associatif ». Cette réalité nous amène à reposer légitimement la question: n’y a-t-il pas trop de commémorations en France ? En 2008, pour tenter de combattre cette tendance à l’inflation commémorative, apparemment contre-productive, l’historien André Kaspi avait déjà tenté d’y apporter des réponses en préconisant de ramener les commémorations nationales à seulement 3 dates: le 11 novembre pour commémorer les morts du passé et du présent ; le 8 mai pour rappeler la victoire sur le nazisme et la barbarie ; le 14 juillet qui exalte les valeurs de la Révolution française. Mais pour amener les jeunes à s’intéresser à notre récent passé, il avançait également la nécessité d’inventer de nouvelles formes de commémoration.