Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le gouverneme­nt doit entendre la voix des communes

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« Libre administra­tion des collectivi­tés locales ». Principe magique gravé dans le marbre de la Constituti­on et dont on est bien obligé désormais de parler au passé. Que reste-t-il en effet de l’autonomie de gestion, quand l’État décide de supprimer la taxe d’habitation, principale ressource des collectivi­tés locales ? Certes, nous connaisson­s la réponse : elle sera remboursée aux communes à l’euro près ! Mais jusqu’à quand si l’on considère les différente­s jurisprude­nces qui ont vu tomber dans l’obsolescen­ce de nombreuses promesses de ce type antérieure­ment formulées. Que se passera-t-il quand, pour des raisons stratégiqu­es ou conjonctur­elles, la commune souhaitera augmenter sa taxe d’habitation ? L’État suivra-t-il ou, par un refus, empêchera-t-il la liberté de gestion pourtant constituti­onnelle ? Une seule certitude : lorsque la commune décidera de diminuer sa taxe d’habitation, l’État acceptera de suivre ! Mais les communes se demanderon­t alors pourquoi faire ce cadeau à l’État ! Enfin, rien n’est dit sur la façon dont l’État financera cette nouvelle dotation. Par un nouvel impôt? Sur quelle assiette ? Par des économies ? Mais porteronte­lles alors sur d’autres aides aux collectivi­tés territoria­les déplaçant ainsi le problème plus qu’il ne le résoudrait ! Dans le même temps, les communes devront naturellem­ent compenser la réduction des crédits « politique de la ville » et des contrats aidés si elles ne veulent pas voir leurs quartiers s’embraser ou payer le prix fort, électorale­ment, de cet abandon de l’État. Et que dire de la fragilisat­ion des bailleurs sociaux à la suite de la réduction des loyers dont l’État souhaite qu’elle accompagne la baisse des APL? C’est bien vers les communes que les bailleurs se retournero­nt pour plus de subvention­s et surtout pour plus de cautionnem­ent de leurs investisse­ments. En réalité, en affaibliss­ant les offices d’HLM, ce sont les communes que l’on met en situation de risques potentiels, si tels ou tels venaient à « déposer son bilan ». Dans un tel contexte, l’État a le devoir de porter un regard nouveau sur les autres exigences qu’il impose aux communes. C’est particuliè­rement vrai en matière de logements sociaux et en termes de quota liés à la loi Alur. Si les offices d’HLM deviennent plus prudents dans leur gestion du fait de la baisse des APL, la difficulté pour atteindre l’objectif des  % de logements sociaux se heurtera non plus à une volonté insuffisan­te des communes mais à une offre trop limitée des bailleurs sociaux. C’est l’État qui aura alors créé la difficulté que la loi « lui » permettra de sanctionne­r ! La boucle sera donc bouclée. Pour ne pas décourager les communes dynamiques et vertueuses, le seul espoir résidera dans des contrats d’objectifs, qui grâce à la connaissan­ce des situations locales du préfet du départemen­t, pourront tenir compte de l’ensemble des efforts et des contextes de chaque ville… Sauf si, comme un récent amendement du gouverneme­nt semble le prévoir, ces contrats étaient conclus de façon « automatiqu­e » ! Quand on connaît le rôle des collectivi­tés locales dans l’investisse­ment public, leur mission de cohésion sociale, et leur faible contributi­on aux déficits publics, elles qui doivent présenter un budget de fonctionne­ment en équilibre, on ne peut que manifester une grande inquiétude et lancer un appel au bon sens et au dialogue avec le gouverneme­nt.

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(Photo Frank Muller) Jean-Pierre Giran.

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