HLM : unanimité du conseil... contre le préfet
Six-Fours Poussé par Frédéric Boccaletti, le maire a dénoncé une fois de plus les effets de la loi SRU, jusqu’à enjoindre l’ensemble de son conseil municipal à émettre un vote de contestation
En juin, nous relations un « mini-coup de théâtre » qui avait animé une séance de conseil municipal : le maire, Jean-Sébastien Vialatte, avait retiré de l’ordre du jour des délibérations portant sur des aides diverses de la commune en vue de construire des logements sociaux. La raison : envoyer un « message fort » aux services de l’Etat tandis que le préfet venait de lui signifier son intention de placer la commune en carence, estimant qu’elle n’avait pas respecté ses engagements en matière de construction desdits logements. Or, le premier magistrat estimait « au contraire avoir fourni des efforts considérables » en construisant « 450 logements en trois ans ». Alors, malgré cette bonne volonté affichée, que l’Etat punisse la ville, c’en était trop pour lui… Une initiative approuvée par les opposants Frédéric Boccaletti (FN) et Erik Tamburi (DLF).
Machine arrière
L’épineux sujet est revenu sur la table, mercredi, quand les élus se sont une nouvelle fois réunis à l’hôtel de ville. Et, là, du mini-coup de théâtre, on est passé à un grand spectacle d’improvisation auquel ont pris part tous les élus, sans exception. Tout a commencé quand le maire a présenté, de nouveau, les délibérations retirées en juin, avec l’intention, cette fois-ci, de les faire voter. Expliquant : «Je les avais retirées sur un mouvement d’humeur, mais il se trouve que
mon premier adjoint et moi avions déjà signé des lettres d’engagement auprès de certains organismes ; il paraît difficile de ne pas respecter la parole donnée… »
«Les immeubles poussent comme des champignons »
Une marche arrière pas du goût de Frédéric Boccaletti (Erik Tamburi était absent), qui l’a fait savoir : « Vous ne pouvez pas prendre des engagements, écrits ou oraux, sans le vote du conseil (...) Sur le fond, nous n’avons pas la même vision: on assiste depuis un certain temps au bétonnage de la ville. Les grues et les immeubles poussent comme des champignons dans les quartiers. Ça va beaucoup trop loin : il y a une dérive qu’on ne maîtrise plus ». Après avoir annoncé son intention
de voter contre, Frédéric Boccaletti n’en avait pas fini : « Vous allez me dire qu’il faut des logements sociaux. Très bien. Mais faut-il encore savoir à qui on les attribue ! Et quand on sait que certaines communes comme Six-Fours risquent de perdre une partie de leur quota d’attribution, qui va être donnée au préfet… Je pense qu’à un moment donné il faut dire stop ».
Majorité et opposition font l’union sacrée
Pour terminer son intervention : « Vous êtes le représentant des Six-Fournais M. le maire. Hé bien, faite un référendum et demandez-leur s’ils veulent qu’on continue à construire des logements sociaux en quantité ». Sa démonstration avait fait mouche auprès du maire
(lire ci-dessous) qui, à la surprise générale, a soufflé cette consigne à l’ensemble de son conseil municipal : «Vous avez tout loisir de voter contre la délibération
de l’EPF Paca (1). J’en serais tout à fait d’accord et ce serait là un excellent signal ». Puis il a lui-même entrepris de montrer l’exemple… avant de s’interroger tout haut : «Mince, comment on fait pour voter contre déjà ? », déclenchant les rires des élus, qui l’ont finalement tous suivi, après que Frédéric Boccaletti, aux anges, lui a montré la voie, pour la deuxième fois ce soir-là… 1. L’Etablissement public foncier ProvenceAlpes-Côte d’Azur (EPF Paca) est un organisme d’Etat qui négocie et mène les procédures permettant de constituer des réserves foncières en amont de la phase de réalisation de projet d’aménagement public. La délibération contestée mercredi portait sur un avenant impliquant l’EPF Paca dans le projet d’un programme immobilier de 100 logements (dont 50 % de sociaux), dans le quartier Hoirs Nord. D’autres délibérations portant sur la construction de logements sociaux figuraient à l’ordre du jour, mais le maire a appelé la majorité à les approuver car elles concernent des « subventions pour les opérateurs HLM qui ont déjà leurs plans de financement » et il ne souhaitait pas « les mettre en difficulté ».