Var-Matin (La Seyne / Sanary)

À l’aventure !

Grande baroudeuse dans l’âme, férue de voyages en sac à dos, la Raphaëlois­e Aurélie Mika – 24 ans à peine – a déjà parcouru une grande partie du globe. Récit d’une vie hors du commun

- CARINE BEKKACHE cbekkache@nicematin.fr

Sa voix est calme. Posée. Son regard, pétillant. Passionné. Et sa vie, trépidante. Spontanée. Aurélie Mika hausse les épaules. « Je suis comme ça, je vis au jour le jour. Si ça se passe mal, je me dis qu’il y aura toujours mieux après. » Et pour cette Raphaëlois­e de 24 ans, il ne s’agit pas d’un «grand principe » mais bien d’une réalité, intrinsèqu­e, vécue au quotidien… dans des décors sans cesse renouvelés ! La jeune femme esquisse un sourire. «Je suis née à Saint-Raphaël mais j’ai ensuite pas mal vadrouillé, dans le nord de la France et en Martinique, jusqu’à ce que ma famille ne finisse par revenir dans le Var, à Hyères. » Où Aurélie a vécu jusqu’à ses 18 ans. « Une fois mon bac pro électrotec­hnique en poche, j’en ai eu marre. De la ville, de la routine… J’avais envie d’autre chose. Parmi mes premiers objectifs : apprendre l’anglais. Il fallait donc que je parte. » Bien loin des préoccupat­ions matérialis­tes des jeunes de son âge, Aurélie n’y réfléchit pas à deux fois. Quelques jours plus tard, la voilà qui s’envole pour l’Australie, direction… l’aventure ! « Au départ, tout était cadré, j’ai été accueillie par des amis de mes parents. Mais très vite, ne comprenant pas encore l’anglais, la cohabitati­on s’est avérée difficile. » Aurélie décide alors de se débrouille­r seule, écumant les auberges de jeunesse, avant d’être rejointe par deux amies françaises pour une colocation de plusieurs semaines. « À ce moment-là, je me suis laissée aller. J’ai rencontré un garçon, avec lequel j’ai parcouru en van toute la côte est australien­ne. Et, au final, je me suis complèteme­nt épanouie dans ce pays. » Ce voyage, qui ne devait durer que quelques mois, se transforma­nt ainsi en véritable tranche de vie, quatre années durant. «Après avoir suivi une formation de management, je m’étais dégotée un boulot dans un hôtel. D’abord serveuse, puis manager. J’ai même été désignée employée de l’année parmi plus de 500 employés. » Une petite fierté pour Aurélie, et un grand pas pour la suite de ses aventures… « Tout cela m’a vraiment donné des envies de voyage. Des envies de m’épanouir, encore et encore, au contact de nouvelles cultures, de nouvelles personnes. » La jeune baroudeuse tourne son regard vers l’horizon. « J’ai tout lâché sans réfléchir, prenant mon billet pour Tokyo puis, dans la foulée, un pour la Corée du Sud. Je n’avais rien planifié. » Elle sourit. «Ah si, j’avais simplement pris une mappemonde, sur laquelle j’avais tracé un itinéraire. Puis j’ai pris mon sac à dos et je me suis lancée ! » À ce propos, que doit contenir le sac d’une aventurièr­e ? Aurélie éclate de rire. « Une brosse à dents, une trousse de toilette contenant le strict minimum, pas de maquillage. Bon, allez je l’avoue, un petit mascara qui traîne au cas où pour les sorties. Quelques vêtements, des chaussette­s, un maillot de bain, une serviette qui sert à la fois pour la plage et pour la toilette, une paire de baskets et des tongs. Puis c’est tout ! » Et c’est ainsi que, sac sur les épaules, Aurélie a traversé plus d’une dizaine de pays en l’espace de six mois… Japon, Corée du Sud, Chine, Philippine­s, Malaisie, Singapour, Thaïlande, Laos, Cambodge, Vietnam, Île Maurice, La Réunion, Afrique du Sud, Cameroun et Dubaï. L’oeil plus pétillant que jamais, Aurélie prend plaisir à revivre ces moments par la pensée. Car finalement, au-delà de la beauté des paysages, c’est bien par le contact humain que la jeune femme a été le plus marquée… «Dans chaque pays, j’ai vécu des instants inoubliabl­es. J’ai rencontré énormément de personnes et beaucoup sont devenus des amis. Nous n’avons jamais perdu le contact depuis et nous échangeons régulièrem­ent par courrier ou via les réseaux sociaux. J’ai même voyagé avec certains d’entre eux. » Elle marque une pause. Visiblemen­t touchée. « Dans la plupart de ces pays, les gens n’ont presque rien mais ils sont heureux. Ils vous accueillen­t les bras ouverts, toujours avec le sourire. Alors qu’ici, en Europe, on a plutôt tendance à se plaindre, à rester entre nous et à ne pas trop se mélanger. Là-bas, au contraire, beaucoup de personnes sont venues vers moi. On a appris à se connaître. J’ai tissé des liens d’amitié. » Et de cette aventure humaine, Aurélie n’en garde que le meilleur. « Je ne cache pas qu’il y a eu aussi des galères et des moments de blues. Car, même si on peut avoir l’impression que ce ne sont que des vacances, c’est en réalité très difficile, mentalemen­t, de se débrouille­r dans un pays que l’on ne connaît pas. Financière­ment, d’une part, car il faut savoir maîtriser son budget. Au total, j’ai bien dépensé plus de 9000 euros, notamment en billets d’avion. Pour le reste, j’ai dormi dans des auberges de jeunesse, j’ai mangé les plats locaux… Et, oui, je n’ai pas échappé aux scorpions, araignées et larves en Thaïlande ! C’est assez fort, je vous le déconseill­e. » Le regard amusé, Aurélie poursuit : « Il y a aussi le sentiment de solitude. Il m’est arrivé de faire des randonnées seule et d’admirer de magnifique­s paysages en regrettant de ne pas pouvoir partager ces moments. Alors certes il y a Snapchat et Instagram, mais ce n’est pas pareil. Une photo ne résumera jamais ce que l’on vit dans l’instant. » Son souvenir le plus touchant ? «Un jour, au Vietnam, j’ai aperçu des tout-petits, âgés de trois ans tout au plus, en train de vendre des chewing-gums. Je suis restée avec eux, leur donnant à boire et à manger, lorsqu’une dame s’est approchée. Elle tenait un bébé dans les bras et me l’a tendu. Elle voulait me le laissait, me disant qu’il serait plus heureux avec moi. Mais ce n’était pas possible. » Aurélie lève les yeux. « Je vous le dis avec le sourire mais, sur le coup, je pleurais. Ça a été très dur. Puis il y a eu cet enfant nu au Cameroun, ravagé par la famine, qui demandait de l’argent pour manger. » Autant de réalités difficiles, qui font forcément réfléchir… «Après tout cela, en arrivant à Dubaï, où j’avais décroché un job dans un hôtel luxueux, j’ai eu du mal à m’adapter. Je passais de toute cette pauvreté à un lieu où envoyer du Dom Pérignon sur les t-shirts est monnaie courante. En France, récemment dans un supermarch­é, j’ai entendu des enfants faire une crise à leurs parents parce qu’ils ne voulaient pas leur acheter le cahier de leur choix. J’avais envie de leur dire : mais allez voir ce qu’est la misère ! Prenez exemple sur ces enfants qui se contentent de peu et sont heureux avec seulement un cahier et un stylo. » Tel est d’ailleurs le message que la jolie Aurélie souhaite aujourd’hui véhiculer… « Il n’y a rien de mieux que les voyages. On en revient le coeur plus léger, avec une énergie incroyable et une volonté de relativise­r. » Une vie posée… Ce n’est donc pas pour tout de suite ? «J’ai essayé, sourit Aurélie. Mais je n’y arrive pas. Il y a quelques jours, j’ai reçu une offre pour travailler dans une station de ski au Japon. Je pars dans quinze jours. » La jeune femme est sereine : « C’est une mission de six mois, avec possibilit­é d’être prolongée. Je verrais bien. Comme toujours, ça se fera au jour le jour. » Avec à la clé, et c’est ce que nous lui souhaitons, tout le bonheur du monde !

Ils n’ont presque rien, hormis l’essentiel : le sourire ! ” On en revient le coeur plus léger ”

Retrouvez les aventures d’Aurélie sur www.instagram.com/aureliemik­a_travel

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