Sophia Antipolis : Nestlé, c’est fort en licenciés!
C’est une grande famille qui est sortie sous un déluge, hier matin. Pour lancer un cri de détresse. Et alerter les pouvoirs publics sur une situation professionnelle qui enverra dans quelques mois plus de 400 employés au chômage. Galderma, filiale du groupe Nestlé Skin Health, fleuron pharmaceutique et leader mondial dans la recherche et le développement dermatologique, va définitivement fermer ses portes à Sophia Antipolis.
« Aucune humanité »
Et laisser sur le carreau des centaines d’employés qui, aujourd’hui, n’ont plus aucune perspective d’avenir. Si ce n’est celle d’un déménagement ou d’une reconversion professionnelle à laquelle ils n’ont pas encore eu le temps de penser.
C’est pour cela que près de 400 personnes ont manifesté, hier matin, entre le siège de l’entreprise et le rond-point de Saint-Philippe, à Biot. Pour exprimer leur colère et le manque de considération dont ils sont victimes. « C’est inacceptable, regrette Anne-Laurence Ghilini, élue
au comité d’entreprise. Il n’y a aucune humanité dans ce que nous propose la direction. Nous n’obtenons aucune réponse à nos questions. Nous avons une contre-proposition : nous voulons tous rester ici, à Sophia. Pourquoi fuir? Parce qu’il y a des talents à Lausanne, en Suisse, où l’entreprise veut se délocaliser ? Il y a 550 talents à Sophia Antipolis ! » Soudés et solidaires, les salariés en danger ont marché et scandé des slogans en direction de l’équipe dirigeante – « Nestlé m’a tué, on
est tous sacrifiés! » – mais aussi du président de la République, Emmanuel Macron. « Macron, l’innovation est ici. Toi, t’es où ? »
En première ligne du cortège, Gareth. Le visage grimé de peinture noire, il mène le Haka, exécute à plusieurs reprises par les salariés durant la manifestation. Ce Gallois, embauché par Galderma il y a 6 ans, est comme ses collègues, dans l’incompréhension la plus totale : « Cette équipe de 550 hommes et femmes est juste incroyable. La direction change de stratégie mais ils doivent nous aider. Ils licencient des familles entières. On demande un peu de respect. »
« Macron… viens nous voir à Galderma »
Au fur et à mesure, les diatribes qui s’adressent au président de la République
changent de ton. Il n’est plus question d’épingler le chef de l’État mais de lui demander de l’aide. « Macron on compte sur toi, viens nous voir à Galderma. » « Macron, si t’es champion, viens chez nous et défends-nous. Nestlé, en bon patron, ne nous prends pas pour des cons. » Parmi les personnes mobilisées, certaines sont venues soutenir leurs proches, leurs amis. Pour dénoncer l’inadmissible et refuser que le profit aille au détriment de l’humain. « Beaucoup d’amis travaillent ici, peste Daniel. Je suis venu les soutenir. C’est scandaleux qu’une entreprise comme Nestlé Skin Health licencie alors que les finances sont saines. C’est inacceptable. Ce sont des familles entières dont on parle. C’est inhumain ce qu’on leur fait. »