Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Anticor lance une nouvelle action judiciaire contre Richard Ferrand

- TH. PRUDHON

L’associatio­n Anticor, présidée par le Niçois Jean-Christophe Picard, n’aura laissé qu’un bref répit à Richard Ferrand. Cette associatio­n de lutte contre la corruption a, en effet, déposé une plainte pour relancer l’enquête qui visait le député du Finistère. Voici un mois, le parquet de Brest avait classé sans suite l’enquête préliminai­re concernant l’ancien très éphémère ministre En marche ! de la Cohésion des territoire­s. Il était suspecté d’avoir usé de son influence pour que les Mutuelles de Bretagne, dont il était alors directeur général, louent début 2011 des locaux brestois appartenan­t à sa compagne.

Une première plainte classée sans suite

C’est une première plainte d’Anticor qui avait été à l’origine de cette enquête préliminai­re. L’associatio­n vient donc d’en déposer une nouvelle, auprès du doyen des juges d’instructio­n du pôle financier de Paris cette fois, en arguant de faits présumés de prise illégale d’intérêts, recel et complicité de recel. Dans sa décision de classement sans suite rendue mioctobre, le procureur de Brest, Jean-Philippe Récappé, avait indiqué que « les infraction­s d’abus de confiance et d’escroqueri­e n’étaient pas constituée­s, faute d’un préjudice avéré ». Sur la prise illégale d’intérêts, il avait prudemment botté en touche, estimant « impossible de conclure avec certitude que les Mutuelles de Bretagne remplissen­t une mission de service public au sens du droit pénal ». Et, Richard Ferrand ayant quitté ses fonctions à la tête des Mutuelles de Bretagne le 18 juin 2012, il avait évoqué la prescripti­on de l’action publique, d’une durée de trois ans, pour justifier la non-ouverture d’une informatio­n judiciaire.

«Pas de prescripti­on»

Autant d’arguments qui n’ont donc pas convaincu Anticor. « Nous attendons l’ouverture d’une instructio­n pour qu’il y ait un procès, car nous ne sommes pas d’accord avec l’analyse du procureur de Brest », indique JeanChrist­ophe Picard. Qui développe : « Le procureur avait estimé qu’il pouvait y avoir débat, concernant la prise illégale d’intérêts, sur le fait que les Mutuelles de Bretagne exercent une mission de service public. Mais il l’avait refermé aussitôt, du fait de la prescripti­on. Or, pour nous, il y a bien mission de service public et prise illégale d’intérêts, dans la mesure où la compagne de Richard Ferrand a gagné 500 000 euros sans rien faire. Et nous contestons la prescripti­on des faits, puisque seuls trois administra­teurs sur neuf avaient été mis au courant du lien entre Richard Ferrand et la propriétai­re. Or, dans les cas d’infraction dissimulée, la prescripti­on ne s’applique plus trois ans après les faits, mais trois ans après la révélation de ceux-ci, qui a eu lieu fin mai. » Anticor et son président attendent donc désormais la désignatio­n, quasi mécanique dans ce type de plainte, « d’un juge d’instructio­n indépendan­t ». Richard Ferrand, qui s’était réjoui le 13 octobre d’avoir « été lavé de tout soupçon », n’en a donc pas encore fini avec cette affaire qui l’a privé de son ministère au bout de trente-quatre jours seulement.

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(Photos Cyril Dodergny et AFP) Jean-Christophe Picard et Anticor ne lâchent pas Richard Ferrand.

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