Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Terrorisme: cinq suspects azuréens transférés à Paris

Les cinq hommes interpellé­s mardi sur la Côte d’Azur, lors d’un coup de filet antiterror­iste en France et en Suisse, ont quitté Nice par avion hier. Neuf suspects sont toujours en garde à vue

- Textes : Christophe CIRONE avec Alice ROUSSELOT et Eric GALLIANO

Dernière ligne droite. Après le vaste coup de filet antiterror­iste mené mardi en France et en Suisse, neuf des dix suspects interpellé­s arrivent au terme de leur garde à vue. Ils pourraient être déférés d’ici ce soir devant un juge d’instructio­n à Paris. Parmi eux, cinq hommes interpellé­s sur la Côte d’Azur : quatre à Menton, un à Roquebrune-Cap-Martin. Deux jeunes fratries et un ex-légionnair­e de 65 ans. Tous ont quitté la caserne Auvare et Nice, hier, en deux « vagues » successive­s, afin de boucler leur audition en région parisienne. Transférés vers l’aéroport Nice Côte d’Azur sous bonne garde, ils ont été évacués à bord d’un avion du ministère de l’Intérieur. Des enquêteurs de la brigade criminelle de la police judiciaire de Nice – notamment la cellule antiterror­iste – ont accompagné leurs collègues de la sous-direction antiterror­iste (SDAT). Ils ont poursuivi les auditions dans les locaux de la SDAT à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). En la matière, si particuliè­re, les gardes à vue peuvent s’étendre à quatre jours. Voire six, en cas de risque d’attaque imminente. Mais à ce stade des investigat­ions, leur durée maximale ne devrait être « que » de 96 heures. Signe que l’ensemble de cette cellule terroriste aurait bien été démantelé et mis hors d’état de nuire.

Un suspect interné

Dans ce cas, les suspects seront déférés aujourd’hui ou, au plus tard, samedi matin. Ils restent, pour l’heure, présumés innocents. Ils risquent néanmoins une mise en examen dans le cadre d’une informatio­n judiciaire ouverte le 19 juillet dernier. Celle-ci devrait viser l’« associatio­n de malfaiteur­s terroriste criminels » – qualificat­ion retenue il y a huit jours lors du procès Merah – et la « provocatio­n directe à la commission d’un acte de terrorisme par un moyen de communicat­ion au public en ligne. » Les suspects, âgés de 18 à 65 ans, étaient en relation par le biais de la messagerie cryptée Telegram. Neuf hommes ont été interpellé­s dans les Alpes-Maritimes, les Bouches-du-Rhône, en SeineSaint-Denis et dans le Val-deMarne, et une femme en Suisse. De source judiciaire, une garde à vue a été levée mercredi. L’état de santé de ce suspect étant jugé incompatib­le, il a été placé en hospitalis­ation d’office. A ce stade, rien n’a filtré des auditions dans cette affaire ultra-sensible. Mais le scénario privilégié par les enquêteurs est déjà connu. Les discussion­s sur Telegram et les écoutes téléphoniq­ues laissent entrevoir un projet d’attaque à la voiture-bélier, puis au couteau, sur un rassemblem­ent de foule.

« Particuliè­rement dangereux »

La cible, elle, reste un mystère. Si certains médias ont évoqué la piste de Nice, nul élément matériel ne permettrai­t d’établir que la capitale azuréenne ou une autre ville des Alpes-Maritimes était plus particuliè­rement visée. Rien, sinon des déductions, au regard du mode d’action « low-cost » envisagé par l’inquiétant­e cellule. Un groupe manifestem­ent inspiré par le terroriste de Westminste­r qui a frappé le 22 mars dernier à Londres, voire par le tueur au camion du 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais à Nice. Une source proche de l’enquête décrit « des gens particuliè­rement dangereux, qui pouvaient passer à l’action à tout moment, et qui l’auraient fait un jour ou l’autre à coup sûr ». Les perquisiti­ons n’ont pas permis de saisir ni explosifs, ni arme à feu. Reste qu’une simple voiture pouvait servir « d’arme par destinatio­n », avant de laisser place aux armes blanches. Où ? Quand ? De source proche du dossier, aucun « lieu précis » n’aurait émergé. « Voilà pourquoi cela fait aussi peur, et pourquoi il faut savoir qui va leur dire “aujourd’hui, maintenant, à tel endroit” ». Dans le viseur : le Suisse d’origine bosniaque qui animait la discussion Telegram « Abd al Muhaymin al-Bosnie ». Un « prétendu imam », dixit le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, qui avait « endoctriné des jeunes, ce qui arrive hélas maintenant trop souvent. »

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(Photo Michael Alesi) L’un des immeubles où la police est passée à l’action, à Menton.

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