Déplacements doux : un parcours du combattant
Gyropodes, trottinettes, mono-roues ou skate-boards électriques séduisent chaque jour davantage d’usagers des trottoirs toulonnais. Une cohabitation avec les piétons qui n’est pas sans danger
Si vous avez vu passer un curé sur une trottinette, vous n’avez pas rêvé ! Les engins de déplacements personnels envahissent le pavé toulonnais, au sein des zones piétonnes, de la gare ou du parking des Lices. Depuis un à deux ans, vélos, trottinettes, gyropodes, mono-roues ou skate-boards électrique remplacent petit à petit les automobiles. Et pour cause : ces appareils peuvent rapidement atteindre des vitesses moyennes de 25 km/h, voire davantage ; le tout sans effort, à l’aide d’une batterie au lithium et d’un moteur. Opticienne sur le boulevard de Strasbourg, Stéphanie Gautier, résidente à La Garde, a vite sauté le pas vers un vélo à assistance électrique. « De porte à porte, je mets vingt minutes. »
Des piétons médusés
En jupe et talons hauts, elle pédale sur dix-huit kilomètres à chaque journée de travail. « Avec les bouchons, je roule à la même vitesse que les autres parents d’élèves de l’école des petits, rigole-t-elle. On se retrouve au feu tricolore de Bir-Hakeim. » Moins polluants, plus économiques, les modes de déplacements doux ont de quoi séduire, malgré leurs prix d’achat élevés. Ils sont aussi observés, avec un regard hébété, par des piétons médusés. « Quelques-uns ont peur parce qu’ils ne connaissent pas, explique un commerçant qui sillonne la ville depuis le cours Lafayette plusieurs fois par jour. Ils ne savent pas que je n’ai pas le droit de rouler sur la route (lire ci-dessous). » En effet, la cohabitation sur les trottoirs déjà bondés est simplement tolérée. En attendant des règlements plus stricts? « Les trottoirs sont hyperlarges le long de la gare mais c’est vrai qu’il faut souvent zigzaguer ou poser le pied à terre, commente Calypso, qui descend dans le centre ancien en trottinette. Mais sur la route, on n’a pas de place. » « La journée, c’est l’enfer », reconnaît Mathieu, un mordu qui plaide pour un ajustement des infrastructures. Fervent défenseur du vélo, Gilles Lehmann, animateur à la Masse critique, est plus tolérant. « C’est vrai qu’ils utilisent fréquemment la piste cyclable, qui leur est interdite, mais ils sont moins dangereux qu’un jogger pour nous, exposet-il. Sur les trottoirs, ils rencontrent des obstacles tous les dix mètres. » Et gare à la chute. « Je me suis déjà écarté, ces engins sont très maniables et ils roulent à fond », a constaté Mickaël, qui arpente quotidiennement la basse-ville. « On discute entre nous aux carrefours et je vois que certains trafiquent les moteurs », reconnaît Laurent, le mari de Stéphanie également cycliste. Après un accident, François Cicurel a abandonné sa gyroroue. « Je l’ai échangé contre une trottinette électrique, c’est plus prudent, affirmet-il. De toute façon, l’électrique, c’est l’avenir. » Voire le présent.