L’urbanisation face au risque inondation
Pour se développer, le Var doit construire. Mais pas sans intégrer les aléas climatiques. Comment les communes gèrent-elles ces contraintes ? La prise en compte d’un cours d’eau dans son ensemble progresse.
Le Var est-il pris en étau, entre des injonctions paradoxales ? Celle de protéger sa population face à des événements climatiques exceptionnels. Celle de continuer de construire logements et infrastructures publiques, tout en développant son activité économique. Après des décennies d’urbanisation généreuse, voire débridée, la donne a changé. Depuis 2010, et les inondations dramatiques en Dracénie et dans la basse vallée de l’Argens, le danger de l’eau s’est imposé, en s’additionnant au danger du feu, que le département connaissait (hélas) un peu mieux. En quelques petites années, s’est organisée une gestion de l’Argens, dont les rives étaient devenues synonymes de risque humain et économique exorbitant. Le Papi qui en découle, Programme d’actions et de prévention des inondations, est à ce titre exemplaire (lire en page suivante). Sur le littoral, les contraintes sont tout aussi fortes, le territoire plus contraint. « Il faut arrêter d’urbaniser le littoral. Il faut être cohérent. Les ressources sont limitées et les envies sont colossales. » Voilà le point de vue qu’avait exprimé Benjamin Kabouche, directeur régional de la Ligue de la protection des oiseaux (LPO), qui a coordonné la rédaction d’un rapport sur « l’adaptation au dérèglement climatique en Paca » (1).
Poussées démographique et foncière
Ses propos entrent en résonance avec un nouveau plan de prévention des risques d’inondation, établi fin 2015. Ce shéma général vise « la non-aggravation de la vulnérabilité, notamment la disposition D.1–6 [orientant] l’urbanisation en dehors des zones à risques ». Mais où sont les zones à risque, quand on considère l’interdépendance d’un cours d’eau en aval, avec le territoire qui le « précède », en amont ? Les deux villes littorales du Lavandou et de La Londe défendent ainsi d’ambitieux programmes d’urbanisme, qui prennent en compte l’aléa des inondations (lire en pages 4 et 5). Ce ne sont que deux exemples, dans un bassin hyérois globalement traumatisé par des inondations meurtrières de 2011 et 2014. Une zone géographique soumise à des poussées démographique et foncière. Sollicitée sur le programme d’aménagement du Lavandou, la préfecture du Var rappelle que « les parcelles concernées ne relèvent pas d’un aléa inondation de nature à interdire la constructibilité ». Tout réside dans « les dispositions d’aménagement prises en compte pour réduire la vulnérabilité ». La mise à l’épreuve ne peut être que grandeur nature.
1. Var-matin, édition d’Hyères du 18 octobre 2017, rapport consultable sur : www.observatoire-biodiversite-paca.org