Des murs et des immeubles poussent
Dans le bureau de Monsieur le maire, on a étalé les plans.
« Ruissellement »
« En zone bleue, le risque est faible à moyen, avec une hauteur d’eau attendue inférieure à 20 cm maximum, argumente Gil Bernardi. 20 cm! Ici, on parle de ruissellement, pas d’inondation », assure-til. Si les constructions ont été autorisées, c’est au prix de prescriptions draconiennes et qui ont été respectées, développe la mairie. Et d’énumérer études d’inondalibilité, études hydrauliques et dossiers loi sur l’eau, imposés de bout en bout, jusqu’à la parcelle de terrain. « Il n’y a pas de rapport entre une zone rouge, où toute construction est dangereuse, et une zone bleue, où il n’y a que du ruissellement », insiste le maire. On lui fait remarquer que même bleue, la zone est inondable. Il répond que même des parcelles en blanc ont pu être inondées par le passé. Les bâtiments neufs sont de petits immeubles coquets, dressés sur pilotis. Au rez-de-chaussée, point de logement mais des parkings. Dans l’allée centrale, Danielle marche avec ses deux petits-enfants. Lavandouraine, elle est installée depuis peu dans le quartier. « Le risque inondation ? Avant oui, mais plus maintenant ! Non… on a fait des aménagements pour ça. » Une nouvelle sortie d’eau a été creusée, longeant une douzaine de maisons jumelles de plain-pied. Ce canal de dérivation rejoint le proche Batailler. Le risque inondation n’alarme pas Sabrina non plus, qui a compté « trois jours à risque en 2016 et aucun en 2017 ». Sa nièce habite dans un bâtiment flambant neuf. Valérie, elle, s’interroge. Cadre en région parisienne, elle vient « se ressourcer dans sa résidence secondaire », de l’autre côté de la rue. «Je ne comprends pas qu’ils aient fait tant de constructions. C’est inondable ! Ça interpelle d’un point de vue écologique, tout simplement. »
Terres devenues imperméables
Aux immeubles, s’ajoutent les routes qui les desservent, les trottoirs, les allées. Béton et bitume ont couvert champs et cannes de Provence. Autant de terres devenues imperméables à grande échelle. « Les parkings sont trop imperméables, critique Jean-Laurent Félizia, membre d’Europe Écologie Les Verts (EELV) et élu d’opposition au Lavandou. On nous fait croire aussi que l’eau fera des angles à 90°. Mais ces courbes sont incontrôlables.» À ses yeux, la liste des griefs ne s’arrête pas là. « En réalité, dans cette zone, c’était des marécages qui permettaient au cours d’eau de déborder temporairement.» Les aménagements sont censés répondre à une crue centennale. Du côté associatif, c’est l’expectative. « Ils construisent dans les normes, il n’y a rien à dire, annonce d’emblée Jean-Luc Vandaele, viceprésident de l’association des Inondés de Bormes et Le Lavandou. Ils nous parlent de bassins de rétention, d’accord.»
Le risque inondations ? Non… on a fait des aménagements pour ça ” Qui va en vérifier le bon entretien ? ”