Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les tracteurs dans le coeur

Passionné par les objets anciens, Alain Maria est un collection­neur comme il s’en fait peu. Ce retraité possède pas moins de soixante machines qu’il bichonne avec grand soin

- (Photos Dylan Meiffret) MATTHIEU BESCOND mbescond@nicematin.fr

Alain Maria, 64 ans, ne roule pas des mécaniques quand il s’agit de parler de sa passion. Pas peu fier pour autant ce qu’il appelle son « cheptel ». Une flotte d’une soixantain­e de tracteurs de tout type, des plus anciens aux plus récents.

Passion sentimenta­le

Quel jeune garçon n’a pas été attiré par un tracteur dans son enfance ? D’autant plus quand ils font partie intégrante du quotidien. La passion d’Alain, elle naît dans son environnem­ent familial. « Je suis fils d’agriculteu­r. Gamin, je montais sur les tracteurs de mes parents. Ces engins, ça accroche tous les enfants. C’était un jeu. De temps en temps, ils nous laissaient le volant. À l’époque, ils cultivaien­t notamment de la lavande. Et puis ils avaient un élevage de moutons. J’en garde plein de souvenirs. » Et

de poursuivre : « Dans les années 50, mes grands-parents avaient des canassons. Je les vois encore travailler. Ils faisaient vivre la famille. Ensuite, le tracteur a remplacé le cheval. » L’enfance passée, la vie suit son cours. Après des études de prothésist­e

dentaire, il entre finalement au sein du groupe La Redoute où il fera carrière jusqu’à sa retraite. C’est à se moment là que la flamme pour les tracteurs se rallume doucement. Avant ça, il collection­ne déjà quelques voitures anciennes. « À une époque, il y en avait partout dans les campagnes. Les gens s’en débarrassa­ient. Comme pour les tracteurs d’ailleurs. Je faisais des rallyes : Paris/Nice, la Sardaigne, la Corse... avec une Renault Primaquatr­e Sport de 1938. Je participai­s aussi à des concours d’élégance. On conduisait nos véhicules en tenue d’époque. C’était dans les années 80. » Des tracteurs, Alain en a toujours eus quelques-uns. La retraite approchant, il décide de s’y consacrer pleinement. « Deux ans avant d’arrêter de travailler, je me suis dit que j’allais avoir du temps de libre, qu’il allait falloir s’occuper. Alors je me suis mis à augmenter mon cheptel. C’était il y a sept ans. À l’époque, j’en avais déjà huit. Mais j’en ai perdu plusieurs avec les inondation­s de juin. On trouvait encore beaucoup de tracteurs à cette époque-là. C’est moins le cas maintenant. »

Des machines utiles

« J’ai toujours aimé ce qui est ancien, confie-t-il. Pas seulement les tracteurs. Les anciennes machines, les vieux outils. Pour le côté patrimonia­l des objets. » Mais au-delà de ça, un tracteur, c’est à la fois pratique et utile. «Ils sont tous différents. Certains ont des charrues, d’autres des scies, etc. Par exemple, quand j’ai besoin de couper du bois, je prends celui qui a une fendeuse. Ou celui qui a un broyeur quand j’ai des choses à écraser. » Au fond de son jardin, un grand abri. Un long tunnel où sont entreposée­s plusieurs dizaines de machines. Un véritable musée. «Actuelleme­nt, j’en ai une soixantain­e. Je ne les compte pas tous les matins. Je les connais mes tracteurs, j’ai plein de marques différente­s. Mais quand il faut toutes les énumérer, ça m’échappe un peu. »

Trouver la perle rare

Pour débusquer ses machines, il arpente les alentours à la recherche de la perle rare. « J’observe. Je scrute autour de moi. Et quand j’en vois un, je me déplace. » Et puis il y a le bouche à oreille. « Beaucoup de gens savent que je recherche des tracteurs. » Sans parler de ceux qu’il débusque sur internet. Une fois dans le filet, Alain les récupère aux quatre coins de l’hexagone. « Tous ne sont pas d’ici. J’ai été en chercher à Carpentras, dans le Vaucluse, dans le sud-ouest, jusqu’à la frontière italienne. »

Cercle de collection­neurs

Comme tout collection­neur qui se respecte, Alain est entouré d’un petit cercle de passionnés. « Je suis en lien avec une bande d’amis qui les collection­ne aussi. On s’informe sur nos trouvaille­s. De temps en temps, on fait des échanges. » Ensemble, ils participen­t aussi à quelques fêtes de village. « Je vais par exemple chaque année à la foire aux ânes de Fréjus. J’étais récemment à Montferrat pour les Journées du patrimoine. Début octobre, j’étais aussi à SainteMaxi­me. Ce n’est pas tous les weekends non plus. On fait ça surtout l’été. Cela nous permet de rencontrer d’autres collection­neurs. » Pour les acheminer sur site, il faut un peu de logistique, et ce n’est pas toujours simple. « On transporte les tracteurs sur des camions ou des remorques. » Mais Alain adore ça. « C’est toujours un plaisir. De voir les anciens qui viennent vous voir pour vous dire : “Tiens, mon grand-père avait le même. Mon oncle avait celui-ci. ” De voir aussi les plus jeunes qui sont intrigués. On leur explique le fonctionne­ment. On essaie de transmettr­e notre passion pour que, qui sait, ils prennent un jour le relais. » Son objectif aujourd’hui : « Leur redonner une deuxième vie. Une retraite paisible en somme. Sans leur demander de travailler. Juste de se promener », concluait-il tout sourire. Les personnes qui ont du matériel ancien à vendre ou à donner peuvent contacter Alain Maria au 06.62.62.19.08.

J’ai toujours aimé ce qui est ancien ”

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Ce Dracénois possède une véritable flotte de tracteurs, du plus ancien au plus récent, en état de marche ou non. Dans son hangar, il les bichonne pour leur redonner une seconde vie.

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