FOOTBALL COUPE DU MONDE / BARRAGES (GRÈCE - CROATIE, AUJOURD’HUI H)
Le gardien croate de l’AS Monaco espère emmener les siens en Russie face à la Grèce, ce soir
Danijel Subasic compte autant de sélections en équipe de Croatie que de bougies sur son dernier gâteau d’anniversaire : 33. Le portier de l’AS Monaco savoure une consécration tardive, que ce soit en club ou en équipe nationale. Avec son pays, il est à 90 minutes d’une place en Coupe du monde. Vainqueur à l’aller (4-1), la sélection croate doit terminer le boulot, ce soir, en Grèce. Danijel Subasic sera aux premières loges et espère ainsi disputer son premier Mondial dans la peau du numéro 1, lui qui a vécu la Coupe du monde 2014 sur le banc des remplaçants, doublure du géant Stipe Pletikosa, 114 caps entre 1999 et 2014. On comprend mieux pourquoi « Suba » a mis du temps à devenir le patron de la sélection à damiers.
Première sélection en
Gardien très prometteur du temps de sa jeunesse à Zadar et à Split, il devient international en 2009 lors d’un amical contre le Liechtenstein (5-0 pour l’anecdote). Pendant près de 6 ans, Subasic va se contenter des miettes, à savoir les amicaux dont personne ne voulait : Estonie, Chypre, Saint-Marin, Moldavie. Ce n’est qu’en 2014, une fois Pletikosa à la retraite, que le Monégasque dispute enfin un match à enjeux. On est le 9 septembre et les Croates se lancent à l’assaut de l’Euro 2016 dans une poule compliquée (Italie, Norvège, Bulgarie). C’est face à Malte que le trublion monégasque devient enfin le numéro 1 au pays. Une victoire tranquille (2-0) pour vraiment lancer sa carrière internationale qui le verra oeuvrer jusqu’en huitième de finale lors de l’Euro 2016, sa seule phase finale à ce jour. Ce nouveau statut de numéro 1 lui fait du bien, que ce soit dans sa tête ou dans son jeu. « Cela me donne plus de responsabilités, les gens attendent plus de moi »,lâche-t-il quand on lui pose la question avant l’Euro français. Homme rarement stressé, Subasic reste le portier d’un pays souvent comparé au Brésil des Balkans. Après tout, quand on évolue avec des Modric, Rakitic, Kovacic, Perisic ou autre Brozovic, on aime le côté esthétique du football. Surtout dans un pays qui a enfanté les Boban, Suker, Prosinecki et Boksic. Pourtant, cette génération dorée, demi-finaliste du Mondial 1998, Subasic ne l’aura pas vraiment vu, lui qui a grandi dans un pays en guerre (1991-1995). Quand vous évoquez la chose avec lui, il en rigole. En même temps, il en faut beaucoup pour faire vaciller le colosse de Zadar. À 7 ans, sa ville natale passe ses journées à se prendre des obus sur la gueule. Jusqu’à 5000 par jour. De cette période, le gardien de Monaco ne se souvient pas de grand-chose à part du bruit de la sirène alertant de l’imminence d’un bombardement. L’aprèsguerre ? Bizarrement, des bons souvenirs. Papa travaille dans une boulangerie et Danijel mange à sa faim, ce qui explique son mètre quatre-vingt-onze. Et pour jouer au football avec les copains dans un pays en ruines, il se sert des meubles de sa maison pour faire une cage. C’est ainsi qu’il s’imagine sans doute gardien de but de Zadar, son club de coeur, mais aussi de son pays si durement touché par une guerre civile. Aujourd’hui, à l’âge du Christ, Danijel Subasic s’apprête à vivre un rêve. Disputer une Coupe du monde avec son pays dans la peau d’un titulaire. Il est à 90 minutes d’exaucer son rêve.