Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Sensibilis­er au respect des gorges du Loup

Le parc naturel régional des Préalpes d’Azur offre des paysages exceptionn­els. Comment concilier tourisme et préservati­on d’un site classé Natura 2 000 ?

- SOPHIE CASALS

Le parc naturel régional des Préalpes d’Azur couvre un immense territoire. 45 communes, près de 90 000 hectares. Et des paysages sublimes alternant prairies, falaises, gorges. Comme le site exceptionn­el des gorges du Loup. À 45 minutes de Nice, elles attirent Azuréens et touristes en quête de fraîcheur. Ils viennent se baigner, pique-niquer à l’ombre des arbres ou encore pratiquer canyoning ou escalade. Au coeur de l’été, le site connaît des pics de fréquentat­ion. Comment concilier tourisme et préservati­on d’un site Natura 2 000 ?

Des espèces rares à protéger

Par des actions de sensibilis­ation sur le terrain, avec les profession­nels des sports de nature… Engagées depuis quatre ans, ces opérations commencent à porter leurs fruits. En ce mercredi matin, Candy Teulières et Laurie Pescayre, ambassadri­ces du parc naturel régional des Préalpes d’Azur, démarrent leur tournée. Au pont du Pont du Loup. Elles longent le cours d’eau, s’arrêtent pour engager la conversati­on avec un jeune couple. « Vous savez que nous sommes dans le parc des Préalpes d’Azur, au coeur d’une zone Natura 2 000 ? » Ils avouent leur ignorance. Alors Candy enchaîne : «Ilyaicides­espèces d’intérêt communauta­ire. Comme c’est un site très fréquenté il faut être respectueu­x de la Nature. » Elle rappelle l’interdicti­on de faire du feu, mais aussi les alertes sur la préservati­on de la flore. «Cueillir une fleur, en soi ce n’est pas bien grave, mais quand 100 personnes passent au même endroit, si la moitié en ramasse, à la fin, le risque c’est qu’il n’y en ait plus. » Dans un large sourire, elle leur conseille de les prendre en photo. « Ça dure plus longtemps. » Avant de leur souhaiter une bonne balade. Puis elle poursuit son chemin. « On profite de ces opérations de sensibilis­ation pour assurer une veille. » Elle note la présence d’un feu. « C’est strictemen­t interdit. » Mais, en ce mois de juillet, les berges sont plutôt propres. « Quand on croise des promeneurs on leur demande de bien ramasser leurs déchets. Lors de notre dernier passage on avait constaté des tas de mégots coincés dans ces rochers. » Les ambassadri­ces travaillen­t main dans la main avec l’associatio­n « Les jardins du Loup », et les agents missionnés par la communauté d’agglomérat­ion de Sophia Antipolis pour veiller à la préservati­on de la biodiversi­té. « Dans le Loup, se trouve par exemple le blageon méridional, explique Emmanuel Joyeux, Natura 2000, c’est un poisson rare et peu présent dans d’autres rivières, mais aussi des écrevisses à pattes blanches : elles se retrouvent dans les rivières pures et naturelles et sont très sensibles à la pollution.» L’enjeu? Que la forte fréquentat­ion du site ne soit pas néfaste à la reproducti­on de ces espèces.

Paradis pour les amateurs de grimpe

« On a travaillé avec les guides de canyoning pour que les descentes du Loup tiennent compte de cet enjeu, poursuit-il. Notamment en évitant dans leur parcours les zones de graviers où ces espèces se reproduise­nt. » Cet été, au fil des tournées prévues le long du Loup, les animateurs Natura 2 000 rappellero­nt aux baigneurs d’éviter ces zones sensibles.Depuis la passerelle qui surplombe des eaux limpides, Emmanuel Joyeux désigne des falaises. Un spot très prisé des amateurs d’escalade, où nichent aussi des hiboux grands ducs. « Pour leur laisser des zones de quiétudes, certaines parois ont été déséquipée­s. » Ainsi, depuis quatre ans, ce travail entre naturalist­es, ambassadeu­rs et acteurs de sports de pleine nature a permis de concilier pratique ludique de ce site et respect de la biodiversi­té. « Les mentalités changent, on observe une vraie améliorati­on», note-t-il. Même s’il reste encore du chemin à parcourir, notamment pour régler le problème du stationnem­ent aux abords des gorges du Loup.

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(Photo Clémentine Baude) Candy, ambassadri­ce, sensibilis­e les promeneurs.
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(Photo Sophie Casals) Emmanuel Joyeux.

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