Sensibiliser au respect des gorges du Loup
Le parc naturel régional des Préalpes d’Azur offre des paysages exceptionnels. Comment concilier tourisme et préservation d’un site classé Natura 2 000 ?
Le parc naturel régional des Préalpes d’Azur couvre un immense territoire. 45 communes, près de 90 000 hectares. Et des paysages sublimes alternant prairies, falaises, gorges. Comme le site exceptionnel des gorges du Loup. À 45 minutes de Nice, elles attirent Azuréens et touristes en quête de fraîcheur. Ils viennent se baigner, pique-niquer à l’ombre des arbres ou encore pratiquer canyoning ou escalade. Au coeur de l’été, le site connaît des pics de fréquentation. Comment concilier tourisme et préservation d’un site Natura 2 000 ?
Des espèces rares à protéger
Par des actions de sensibilisation sur le terrain, avec les professionnels des sports de nature… Engagées depuis quatre ans, ces opérations commencent à porter leurs fruits. En ce mercredi matin, Candy Teulières et Laurie Pescayre, ambassadrices du parc naturel régional des Préalpes d’Azur, démarrent leur tournée. Au pont du Pont du Loup. Elles longent le cours d’eau, s’arrêtent pour engager la conversation avec un jeune couple. « Vous savez que nous sommes dans le parc des Préalpes d’Azur, au coeur d’une zone Natura 2 000 ? » Ils avouent leur ignorance. Alors Candy enchaîne : «Ilyaicidesespèces d’intérêt communautaire. Comme c’est un site très fréquenté il faut être respectueux de la Nature. » Elle rappelle l’interdiction de faire du feu, mais aussi les alertes sur la préservation de la flore. «Cueillir une fleur, en soi ce n’est pas bien grave, mais quand 100 personnes passent au même endroit, si la moitié en ramasse, à la fin, le risque c’est qu’il n’y en ait plus. » Dans un large sourire, elle leur conseille de les prendre en photo. « Ça dure plus longtemps. » Avant de leur souhaiter une bonne balade. Puis elle poursuit son chemin. « On profite de ces opérations de sensibilisation pour assurer une veille. » Elle note la présence d’un feu. « C’est strictement interdit. » Mais, en ce mois de juillet, les berges sont plutôt propres. « Quand on croise des promeneurs on leur demande de bien ramasser leurs déchets. Lors de notre dernier passage on avait constaté des tas de mégots coincés dans ces rochers. » Les ambassadrices travaillent main dans la main avec l’association « Les jardins du Loup », et les agents missionnés par la communauté d’agglomération de Sophia Antipolis pour veiller à la préservation de la biodiversité. « Dans le Loup, se trouve par exemple le blageon méridional, explique Emmanuel Joyeux, Natura 2000, c’est un poisson rare et peu présent dans d’autres rivières, mais aussi des écrevisses à pattes blanches : elles se retrouvent dans les rivières pures et naturelles et sont très sensibles à la pollution.» L’enjeu? Que la forte fréquentation du site ne soit pas néfaste à la reproduction de ces espèces.
Paradis pour les amateurs de grimpe
« On a travaillé avec les guides de canyoning pour que les descentes du Loup tiennent compte de cet enjeu, poursuit-il. Notamment en évitant dans leur parcours les zones de graviers où ces espèces se reproduisent. » Cet été, au fil des tournées prévues le long du Loup, les animateurs Natura 2 000 rappelleront aux baigneurs d’éviter ces zones sensibles.Depuis la passerelle qui surplombe des eaux limpides, Emmanuel Joyeux désigne des falaises. Un spot très prisé des amateurs d’escalade, où nichent aussi des hiboux grands ducs. « Pour leur laisser des zones de quiétudes, certaines parois ont été déséquipées. » Ainsi, depuis quatre ans, ce travail entre naturalistes, ambassadeurs et acteurs de sports de pleine nature a permis de concilier pratique ludique de ce site et respect de la biodiversité. « Les mentalités changent, on observe une vraie amélioration», note-t-il. Même s’il reste encore du chemin à parcourir, notamment pour régler le problème du stationnement aux abords des gorges du Loup.