Var-Matin (La Seyne / Sanary)

L’Etat dans les quartiers

Macron version social

- Par DENIS JEAMBAR

Plus que jamais, une politique de la ville est nécessaire dans notre pays. L’urbanisati­on est, en effet, avec la lutte contre le chômage, l’un des plus grands échecs de la Ve République et de ses gouverneme­nts successifs. Aucun d’entre eux n’a trouvé des traitement­s efficaces pour soigner ces deux maux dont la conjugaiso­n est, pour beaucoup, dans le malaise français. La rupture sociale née du chômage est étroitemen­t liée aux fractures territoria­les qui divisent le pays. Les chiffres en témoignent. Quarante pour cent de la population des quartiers concernés par la politique de la ville vivent dans la pauvreté alors que le taux est de  % pour l’ensemble de la population. Le taux de chômage y est de  % contre une moyenne nationale désormais inférieure à  %. C’est pire encore pour les moins de  ans :  % y sont sans emploi contre  % pour la France entière. Dans ces zones en difficulté, on recense deux fois moins de médecins généralist­es et quatre fois moins de spécialist­es que sur le reste du territoire. Etc. Autant de déséquilib­res qui expliquent l’émergence à la fois de la France périphériq­ue et des territoire­s perdus de la République. C’est donc sur ce terrain de la ville qu’Emmanuel Macron a décidé de donner une dimension plus sociale à sa politique pour enrayer les critiques sur des réformes favorables aux plus fortunés. Il a donc mené une vaste opération de communicat­ion lors d’un déplacemen­t de deux jours dans le Nord, notamment à Tourcoing, l’une des villes plus déshéritée­s de France. Il en a appelé à une mobilisati­on nationale et abattu son plan de bataille en défendant une fois encore cette idée : seule la relance économique globale du pays permettra de sortir ces quartiers de l’ornière. Diagnostic conclu par cet engagement : « Je veux que le visage de nos quartiers ait changé à la fin de ce quinquenna­t. Le coeur de la bataille de notre République se joue là. » De grands mots mais les moyens sont-ils à la hauteur ? Certes, le Président a annoncé une flopée de mesures concrètes, dont certaines sont déjà engagées : création de la police de sécurité du quotidien, dédoubleme­nt des classes de CP dans les zones prioritair­es, développem­ent des emplois francs, ouverture des bibliothèq­ues le dimanche, doublement du nombre des maisons de santé, aucune baisse des crédits en , etc. Force, cependant, est de constater que cette panoplie rappelle à bien des égards celles proposées par ses prédécesse­urs. A l’image de ces emplois francs lancés sans succès par François Hollande. Il manque, en fait, à ces propositio­ns une conception globale, une approche sur l’articulati­on ville centre-banlieue, un plan de reconquête coordonnée de tous les services publics, etc. Bref, les bonnes intentions et les propositio­ns du Président ne constituen­t pas l’acte de naissance d’un urbanisme macronien.

« Les bonnes intentions et les propositio­ns du Président ne constituen­t pas l’acte de naissance d’un urbanisme macronien. »

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