L’Etat dans les quartiers
Macron version social
Plus que jamais, une politique de la ville est nécessaire dans notre pays. L’urbanisation est, en effet, avec la lutte contre le chômage, l’un des plus grands échecs de la Ve République et de ses gouvernements successifs. Aucun d’entre eux n’a trouvé des traitements efficaces pour soigner ces deux maux dont la conjugaison est, pour beaucoup, dans le malaise français. La rupture sociale née du chômage est étroitement liée aux fractures territoriales qui divisent le pays. Les chiffres en témoignent. Quarante pour cent de la population des quartiers concernés par la politique de la ville vivent dans la pauvreté alors que le taux est de % pour l’ensemble de la population. Le taux de chômage y est de % contre une moyenne nationale désormais inférieure à %. C’est pire encore pour les moins de ans : % y sont sans emploi contre % pour la France entière. Dans ces zones en difficulté, on recense deux fois moins de médecins généralistes et quatre fois moins de spécialistes que sur le reste du territoire. Etc. Autant de déséquilibres qui expliquent l’émergence à la fois de la France périphérique et des territoires perdus de la République. C’est donc sur ce terrain de la ville qu’Emmanuel Macron a décidé de donner une dimension plus sociale à sa politique pour enrayer les critiques sur des réformes favorables aux plus fortunés. Il a donc mené une vaste opération de communication lors d’un déplacement de deux jours dans le Nord, notamment à Tourcoing, l’une des villes plus déshéritées de France. Il en a appelé à une mobilisation nationale et abattu son plan de bataille en défendant une fois encore cette idée : seule la relance économique globale du pays permettra de sortir ces quartiers de l’ornière. Diagnostic conclu par cet engagement : « Je veux que le visage de nos quartiers ait changé à la fin de ce quinquennat. Le coeur de la bataille de notre République se joue là. » De grands mots mais les moyens sont-ils à la hauteur ? Certes, le Président a annoncé une flopée de mesures concrètes, dont certaines sont déjà engagées : création de la police de sécurité du quotidien, dédoublement des classes de CP dans les zones prioritaires, développement des emplois francs, ouverture des bibliothèques le dimanche, doublement du nombre des maisons de santé, aucune baisse des crédits en , etc. Force, cependant, est de constater que cette panoplie rappelle à bien des égards celles proposées par ses prédécesseurs. A l’image de ces emplois francs lancés sans succès par François Hollande. Il manque, en fait, à ces propositions une conception globale, une approche sur l’articulation ville centre-banlieue, un plan de reconquête coordonnée de tous les services publics, etc. Bref, les bonnes intentions et les propositions du Président ne constituent pas l’acte de naissance d’un urbanisme macronien.
« Les bonnes intentions et les propositions du Président ne constituent pas l’acte de naissance d’un urbanisme macronien. »