Dix-huit ans aux assises pour l’évadé de Toulon
Caché depuis cinq ans au domicile de sa compagne Céline à Toulon, il avait tenté de la tuer d’une balle dans le thorax, parce qu’elle en avait assez de ses violences et voulait qu’il parte
Mario Matteucci avait reconnu à plusieurs reprises, pendant son procès devant les assises du Var, que le fait de tirer à bout portant une balle de 9 mm dans le thorax de sa compagne était « une erreur » ou « une bêtise » . Le président François Guyon l’avait repris en lui signalant qu’il faisait une erreur de vocabulaire, et que le terme approprié était « un crime » . Hier, en conclusion de trois jours de débats, le jeune homme de 28 ans a été condamné, pour des faits qu’il ne contestait pas, à dix-huit ans de réclusion criminelle.
Vingt ans requis
L’avocat général en avait requis vingt, assortis d’une période de sûreté incompressible des deux tiers. Rappelant les conditions dans lesquelles une médecine d’extrême urgence avait dû être pratiquée sur Céline, dans la nuit du 22 au 23 octobre 2015, Mme Manon Duthoit a souligné l’évidence : « Sa survie est indépendante de l’action de M. Matteucci. » Quant aux séquelles de la jeune femme, après des mois d’hospitalisations cumulées ? « Deux ans après les faits, on ne peut toujours pas fixer la durée de son incapacité. Il a failli priver ses deux enfants de leur mère. » S’agissant de la personnalité de l’accusé, l’avocat général a retenu les onze condamnations inscrites à son casier, essentiellement pour des vols aggravés, et bien entendu son évasion le 22 juin 2011, deux semaines après avoir obtenu une mesure de semi-liberté. « C’était déjà avant les faits un multirécidiviste à la dangerosité sociale avérée. »
C’était écrit
Pour Mme Duthoit, l’évolution de sa personnalité par un travail de réflexion, invoquée par l’accusé, était « une façade pour tenter d’apitoyer les jurés » . « Il n’a pas cherché à séduire, a objecté Me François-Xavier Kozan en défense. Il a dit ce qu’il avait à dire, avec ses mots, parfois maladroits, mais sincères. » Sur son évasion, il a noté que ses cinq ans de cavale n’auraient pas été possibles sans l’aide que lui a apportée sa famille, et surtout sa compagne. « Cette clandestinité a été choisie parce qu’on s’aimait. Et tout le monde y a trouvé son compte, tant que le pire n’est pas arrivé. Et personne ne l’a recadré à ce moment. » Me Kozan n’était pas loin de penser qu’il y avait, chez Mario Matteucci, une sorte d’inéluctabilité du destin, qui devait forcément conduire devant la cour d’assises « un homme qui n’a aucune structure, qui a été formé à la délinquance par son père, et qu’on n’a jamais contrarié » . Il a demandé à la cour de faire une application mesurée de la loi. Le délibéré allait dans ce sens.