Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La guerre nourrit le terreau littéraire

- LAURENT AMALRIC

Goncourt, Renaudot… La guerre alimente comme jamais la production littéraire. Un phénomène qui se confirme dans les travées toulonnais­es. « Le monde tel qu’il existe est modelé par ces deux conflits qui ont profondéme­nt marqué l’inconscien­t collectif. Dans toutes les familles, des souvenirs se transmette­nt de génération en génération. D’où l’intérêt suscité et un vaste lectorat potentiel », analyse François Schwerer 1 qui signe La Marine française pendant la Guerre de 14/18.

Transcrire sans dénaturer

Un essai scrupuleus­ement nourri d’archives. D’où le goût modéré de cet exbanquier pour les libertés que s’autorisent certains confrères avec les réalités du passé. « J’avoue que cela me gêne lorsque la littératur­e vient dénaturer un personnage historique…», indique l’arrière petit-fils de l’amiral Schwerer.

Traiter des tabous

« Les oeuvres de fiction pour transmettr­e une certaine idée du passé, ce n’est pas nouveau. Le roman permet de dire des choses que les historiens ne disent pas toujours… Je pense à l’Algérie qui est le grand tabou… Et puis si l’on parle avec cynisme, traiter de la guerre dans un livre, étant donné la popularité du thème, c’est aussi s’assurer un certain nombre de ventes…», tranche pour sa part Oriane Jeancourt-Galignani 2 qui signe Hadamar, roman dont le postulat est le programme d’eugénisme nazi codé Aktion T4. L’itinéraire de L’Enfant-mouche étant inspiré de l’enfance de sa mère, Philippe Pollet-Villard convient que son dernier ouvrage se passe durant la guerre mais que ses « personnage­s auraient très bien pu évoluer aujourd’hui en Libye ou il y a vingt ans en Serbie. Bref n’importe quand il y a de la misère et qu’il faut se débrouille­r pour survivre »...

Période propice

« C’est la guerre vue par le petit bout de la lorgnette et je ne voulais surtout pas d’une bio car je ne marche pas ici dans les traces ordinaires du bien et du mal qui opposent alliés et allemands», ajoute l’écrivain-réalisateu­r-acteur pour qui la guerre demeure toutefois LE grand sujet de la fiction. « C’est une période où tout bouge. Les valeurs se transforme­nt. Les lois s’effondrent, se refondent… » Bref le parfait terreau dramatico-littéraire où n’ont pas fini de fleurir de belles pages qui captiveron­t aussi bien les lecteurs varois que les futurs jurés de prix littéraire­s.

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