Fête du livre du Var : une belle page se tourne Toulon
Si l’on en croit les organisateurs, près de 50 000 personnes auraient flâné sous le chapiteau installé place d’Armes. Soit une augmentation de 25 % par rapport à l’an dernier Ian Mc Guire, lauréat du prix Encre marine
Au bout de la ligne, Marc Giraud, le président du conseil départemental, est fier comme Artaban. «D’après les chiffres que l’on m’a fait remonter, à la fermeture de la Fête du livre, l’objectif de 50 000 visiteurs a été atteint, soit une augmentation de 25 % par rapport à l’an dernier ! », assure l’élu. Et du côté du business, les affaires aussi ont bien marché.
Chemise
« Samedi soir, les libraires avaient déjà fait le chiffre d’affaires qu’ils avaient réalisé l’année dernière sur toute la Fête du livre », poursuit le patron du Département. Si le bilan est général, chaque professionnel semble néanmoins avoir tiré son marron du feu. « J’ai fait + 20 % de chiffre d’affaires par rapport à l’an dernier », souffle Bruno Falba, patron de la librairie toulonnaise éponyme, spécialisée dans la bande dessinnée. « On a fait Et si la recette du succès, c’était mélanger la littérature et la BD ?
autant qu’en quinze jours d’activité à la librairie », jauge pour sa part Hélène Pinel, de la librairie pradétane Mille Paresses, participant pour la première fois à l’événement. Comment expliquer un tel engouement autour de cette Fête du livre version 2017 ? Le choix de l’auteur à succès Douglas Kennedy
Votre roman est à la fois un thriller et un livre d’aventure qui se passe au XIXe siècle. Quelle est la définition qui vous convient le mieux ?
Pour moi aussi, c’est un mix de différents genres. L’élément de thriller est là et je le voulais absolument, c’est quelque chose de très important pour moi, car je voulais que les gens soient vraiment embarqués par le roman, qu’ils ne le lâchent
comme parrain de l’édition –« un président qui a mouillé la chemise », pour parler comme M. Giraud –, a joué. La volonté assumée d’axer une bonne partie de la manifestation sur la littérature aussi. « Cette ambiance très littéraire, peut-être que ça forme une alchimie entre les auteurs… En tout cas, Toulon, c’est un festival où on « Il n’y a pas tant de différence entre l’homme et l’animal » L’écrivain britannique vient plus. Quand j’ai enseigné la de recevoir le prix Encre marine littérature, de nombreux pour son roman Dans livres que j’aiment sont les eaux du Grand Nord restés avec moi très (10/18). Son héros Sumner, longtemps, dans ma tête... chirurgien désabusé, embarque Ces vieux livres vivaient avec pour une campagne de moi, et cela m’a permis de pêche sur baleinier. Dans les créer ce mix. eaux du Grand Nord commence par décrire ce que peut être la sauvagerie humaine, quelquefois à la limite de l’insoutenable. Un récit qui nous est apparu quelquefois gratuit, heureusement dépassé parfois par la force de ce monde de glace.
Vous ne vous fixez aucune limite lorsque par exemple, vous décrivez les ravages d’un pédophile sur le corps d’un enfant. C’était une volonté de réalisme total ?
En effet, j’aime bien écrire d’un point de vue très réaliste. Beaucoup de gens ont dit qu’ils ont vu l’influence de Moby Dick (d’Herman Melville, Ndlr) dans le roman, une influence que je reconnais tout à fait. Mais je pense que la vraie différence, est que ce qu’on pouvait écrire au XIXe s. n’est pas du tout la même chose que ce que je peux me permettre d’écrire aujourd’hui. Je peux être beaucoup plus réaliste dans les descriptions, et je me
va le coeur léger », sourit l’écrivain belge Thomas Gunzig. « Cette année, pour la programmation, nous avons travaillé avec l’agence Tome 2 et l’association Alien. La première s’est chargée de la littérature et des essais et la seconde de la BD et des livres de jeunesse. On a eu des auteurs très pointus ou permets d’utiliser un langage qu’on n’aurait pas pu utiliser à l’époque. Moby Dick n’est pas pour moi juste une influence ou même un modèle à copier, il s’agit plutôt de le transformer un peu et l’adapter au contexte de notre époque, tout en restant dans le XIXe. s.
L’histoire montre l’animalité de l’homme, mais finalement votre héros est sauvé du froid en se réfugiant dans la carcasse d’un ours...
Une grande partie du livre repose sur la différence entre les êtres humains et les animaux. Au fond, il n’y en a peut-être pas tant que ça... qui avaient marqué l’année, pas mal d’écrivains étrangers, des débats politiques, des ateliers de BD… Ça a l’air d’avoir plu… », lance Lydie Ré, directrice adjointe aux affaires culturelles du Département.
«Dulourd»
La collectivité locale a également décidé, cette année, de gérer directement l’organisation matérielle de l’événement. «On a économisé entre 80 000 et 100 000 euros et on en a réinjecté une partie, notamment dans la communication et des campagnes d’affiches», poursuit Lydie Ré. Et l’année prochaine ? «La littérature va rester le fil rouge. Sur l’endroit, si les conditions de sécurité le permettent, on aimerait l’étendre à la place de l’Équerre, souffle Marc Giraud. Et pour la présidence, tout ce que je peux vous dire, c’est que ce sera du lourd ! »
Le prix des lecteurs
Les habitués des différentes médiathèques du département ont attribué à Tanguy Viel le Prix des lecteurs du Var pour son roman Article du code pénal (Ed de Minuit).
Médias en ordre de marche
« On ne peut pas éviter que toute entreprise politique ait sa forme de média (en référence notamment à En marche, ndlr). Mais il faut que le public sache faire la différence entre ce qui est de la propagande et ce qui est de l’info », pour Thomas Legrand, journaliste à France Inter, hier lors du forum sur le thème « Chronique du pouvoir, une année politique en France ».