Il aurait fallu à la chancelière des talents demagicienne pour surmonter tant de désaccords politiques.
Il n’empêche. Après le recul historique de la démocratiechrétienne aux élections de septembre, l’incapacité à former un gouvernement laisse Angela Merkel considérablement affaiblie. Au point que pour une majoritéd’Allemands, cet échec devrait signer la fin de son bail à la chancellerie. Usuredupouvoir? Sans doute. ans, c’est long. Mais l’explication est insuffisante. Ce quenous disent les malheurs de « Muttie », c’est aussi que l’Allemagne, laprospèreAllemagne dont on vante et envie les performances économiques et la sage gouvernance, n’est pas épargnée par la vague de populisme et de nationalisme qui balaie le continent, poussée par le choc migratoire et lapeur de la dilution. La montée des extrêmes et l’érosion des grands partis de gouvernement, àgauche commeàdroite, débouchent aujourd’hui sur une crise politique inédite, dans un pays longtemps abonné aux majorités stables et aux alternances sans à-coups. Nul ne peut en prédire ladurée, ni l’issue. Ni les conséquences, pour l’Allemagne et pour l’Europe. De majorité alternative, en effet, on n’en voit aucune, dès lors que les sociaux-démocrates ont décidé de ne pas reconduire la « Grosse Koalition » SPD-CDU (-, puis ) ; après la débâcle des dernières législatives, ils pensent que seule une bonne cured’opposition peut leur permettrede se refaireune santé. Restent deux solutions: ungouvernement minoritaire (CDU-Verts, par exemple), forcément fragile et précaire; ou une dissolution et un retour devant les électeurs… qui risquent fort de revoter pareil. De sorte que ce n’est pas seulementàune crise gouvernementale que l’on assiste: c’est la fin d’une époque, celle du bipartisme à l’allemande; la fin d’un cycle, celui des majorités de compromis; la fin, peut-être, des années Merkel, ces douze années oùle « modèle allemand » (orthodoxiebudgétaire, excédents commerciaux, plein emploi), souvent critiqué et encoreplus admiré, beaucoup imitéet rarement égalé, adonné le « la » à l’Europe entière. De quelque point de vue que l’on se place, on n’aperçoit aucune raison de s’en réjouir.
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