Le Brio : la formidable éloquence de Camélia Jordana
LE BRIO
D’Yvan Attal (France). Avec Daniel Auteuil, Camélia Jordana, Yasin Houicha. Durée : h . Genre : comédie. Notre avis :
Elle n’a pas grandi, mais quand même bien changé depuis qu’on l’a découverte en 2009 comme aspirante chanteuse à La Nouvelle Star. À 25 ans, Camélia Jordana est une jeune femme bien dans ses baskets qui multiplie les tournages et les aventures musicales. Son nouvel album est attendu au mois de mars et elle est cette semaine à l’affiche de la nouvelle comédie sociétale d’Yvan Attal, Le Brio. Elle y joue Neïla, une étudiante en droit issue de l’immigration qui prépare un concours d’éloquence avec l’aide d’un prof réac et provocateur joué par Daniel Auteuil. Un premier «premier rôle» qui pourrait lui valoir un César. La Varoise nous a parlé de ses deux métiers, entre deux bouchées d’un déjeuner dévoré à belles dents dans un palace parisien…
Comment ce rôle s’est-il présenté à vous ?
J’étais en train de bosser sur mon nouvel album, quand mon agent m’a appelée pour me proposer de passer le casting du film d’Yvan Attal. J’étais très excitée, mais je n’y croyais pas trop. J’ai déjà une belle collection de projets de films qui ne se sont finalement pas faits ou qui se sont faits sans moi. Ça ne me prend plus la tête, vu que j’ai un autre métier de chanteuse. Bref, j’ai passé le casting pour voir, sans avoir pu lire le scénario et sans savoir que j’aurai Daniel Auteuil comme partenaire. Je n’y suis pas allée les mains dans les poches, mais sans pression. Deux mois après j’avais presque oublié, lorsque mon agent m’a rappelée pour me proposer de rencontrer Yvan Attal après un deuxième essai. J’ai tout donné et le lendemain, déjeuner avec Yvan. Et là, coup de foudre : la sensation de retrouver un frérot. Je n’avais toujours pas lu le scénario, mais je savais que je voulais vraiment faire le film. J’ai appelé ma maison de disques pour leur dire qu’il faudrait probablement décaler la sortie de l’album…
Qu’est-ce qui vous plaisait dans ce personnage ?
J’étais très séduite par les thématiques du film : la transmission, le vivre ensemble possible si un effort commun est fait, l’amour de la langue française, le parcours exemplaire de cette jeune femme, la rencontre de deux univers : celui de l’élite intellectuelle et celui d’une jeune femme de banlieue… La vie est plus ou moins simple selon notre couleur, le nom qu’on porte et nos origines sociales, c’est vrai. Les portes dans la gueule, on en prend tous les jours. Mais il reste des passerelles. Les rêves se réalisent, si on s’en donne les moyens. C’est un message important pour nos générations et je me sens légitime pour le porter.
Comment cela ?
Mes parents sont d’origine algérienne et kabyle. Ma mère a dû arrêter l’école à ans pour travailler et soutenir sa famille alors qu’elle était première de sa classe. Elle m’a transmis l’amour des mots, de l’art, de la musique, du spectacle. Ce sont des compagnons et des armes. C’est cela que je cherche à transmettre à mon tour par ma musique et les films que je choisis de faire.
Avez-vous comme Neïla rencontré votre Pygmalion ?
Je viens d’un milieu où personne n’était artiste. J’ai fait la Nouvelle Star pour me faire connaître. Je n’ai pas gagné, mais j’ai pu faire un premier album. Je n’avais que ans et ce sont les musiciens qui m’ont pris sous leur aile et m’ont tout appris. Ce sont tous mes mentors dans leur domaine. Je leur dois beaucoup. Ca a été une école joyeuse et chaleureuse.
Vous revenez de temps en temps dans le Var ?
Oui, mais mes parents ont déménagé au Beausset et du coup, je ne vois plus mes copains de La Londe et Hyères quand je descends. Ils sont venus voir le film à Toulon pour l’avantpremière c’était très émouvant.