Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Meurtres de Marseille : ils avaient rendez-vous Les échanges entre l’accusé et la victime, pendant deux semaines, ont été épluchés par la cour d’assises. Ils avaient rendez-vous le jour du crime. Pour l’une, il était annulé. Pour l’autre pas

- G. D.

Au quatrième jour du procès en appel d’Abdelkader Amrani, pour le meurtre d’une retraitée de 68 ans en 2006 à Marseille et l’assassinat d’une veuve de 52 ans six ans plus tard, la cour d’assises du Var s’est concentrée hier sur les contacts de l’accusé avec cette deuxième victime. Des contacts très limités dans le temps, puisqu’ils s’étaient connus le 12 juin 2012, deux semaines avant le crime, sur un site Internet de rencontres. Pour l’accusation, le seul contact physique qu’ait eu l’accusé avec Marina Ciampi a été la strangulat­ion de la victime, entre la soirée du 27 juin et la matinée du 28.

Deux semaines de contacts

Dans des déclaratio­ns successive­s, confronté à la présence de son ADN sur le corps de Marina Ciampi, ses vêtements et le traversin de son lit, Abdelkader Amrani a répété à l’audience qu’il s’était rendu chez elle le 25 juin. Ils s’étaient rapprochés physiqueme­nt, mais il y avait mis fin prématurém­ent, préférant reprendre l’initiative plus tard. L’intégralit­é des messages électroniq­ues échangés entre eux sur le site de rencontres a été lue à l’audience. Après une première prise de contact le soir du 12 juin, les conversati­ons étaient devenues de plus en plus personnell­es, pour en arriver le soir du 18 juin à la descriptio­n de leurs préférence­s sexuelles. Ce soir-là, Marina Ciampi avait communiqué son numéro de portable à Abdelkader Amrani, en lui indiquant qu’elle était d’accord pour le rencontrer.

Atermoieme­nts

Le jeudi 21 juin, leurs échanges s’étaient enrichis de conversati­ons et de messages téléphoniq­ues, Abdelkader Amrani ayant communiqué à Marina un numéro de portable, qui lui avait servi exclusivem­ent à la joindre. C’est ce soir-là qu’un rendez-vous avait été pris pour le mercredi 27 juin, Marina annonçant « Mercredi, tu passes à la casserole. » Elle avait annulé ce rendez-vous par un message le samedi 23: «Désolée. Mon ex a refait surface. Je l’aime toujours. Ne m’en veux pas. » Le lendemain soir, au terme de nouveaux échanges, le rendezvous du mercredi 27 avait été reprogramm­é. Il n’y avait pas eu d’échanges dans la journée du lundi 25 juin. Selon Abdelkader Amrani, c’est pourtant ce matin-là qu’il avait été chez Marina, en quittant son travail à 7 heures. Après la rencontre, il était allé profiter de sa journée de repos à Rians.

Très proches le jour du crime

Mais le soir même sur le site, Marina avait envoyé ce message : « J’ai bien réfléchi, pour mercredi, je crois que ce n’est pas une bonne idée. » « Pourquoi vous écrit-elle ça le soir, si vous vous êtes rencontrés le matin », a questionné le président ? « Pour moi, ce rendez-vous de mercredi était maintenu. » Le mercredi 27 juin, Marina Ciampi faisait des courses avec une amie dans le centre de Marseille quand elle avait reçu un appel de l’accusé à 14 h 32. Elle avait indiqué à celle-ci : « Il m’énerve celui-là. C’est le fameux Kader, il ne fait que m’appeler. Il m’attend en bas de chez moi. » Marina avait ensuite décliné l’invitation de son amie, disant qu’elle devait rentrer chez elle, et avait pris le métro. À l’heure de cet appel, le portable de l’accusé avait activé une cellule proche du domicile de la victime. Selon Abdelkader Amrani, il faisait des courses dans des magasins de bricolage du quartier. Et à 18 h 40, lors du tout dernier appel du portable de Marina, il était toujours dans le même quartier. L’accusé a toujours soutenu ne pas avoir rencontré la victime ce mercredi. Après ses courses, il était allé prendre son service à 19 heures à la sécurité civile. Il y était arrivé avec un quart d’heure de retard.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Des expertises ont été menées aussi sur la téléphonie de l’accusé et de la victime.

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