Var-Matin (La Seyne / Sanary)

L’ASPTT football tend la main aux jeunes réfugiés

Trois garçons et une fille originaire­s de Syrie, d’Albanie et de Géorgie partagent les séances d’entraîneme­nt des jeunes footballeu­rs. Un brassage de culture encouragé par le club et ses éducateurs

- SYLVAIN MOUHOT

Ils n’ont pas caché leur plaisir de retrouver le terrain. Chaussures à crampons vissées aux pieds, Saleh, 16 ans, et Baran, 14 ans, ont participé à leur première séance d’entraîneme­nt, mercredi avec l’ASPTT football au stade Berteau. Fans de Léo Messi comme tous les gamins du monde, ils pratiquaie­nt le foot dans leur Syrie natale, avant que la guerre ne vienne boucher leur horizon. Mahmoud, leur père, a embarqué les siens (sa femme, ses deux fils, ses trois soeurs) pour un long voyage en Europe, la Turquie, la Grèce puis la France, Hyères, depuis un mois. Devant la proximité des combats, «c’était la seule solution», affirme-t-il dans un anglais hésitant. Cette famille kurde a quitté la Syrie le 24 février 2016, il y a bientôt deux ans, avec peu d’espoir de retour. «Retourner un jour au pays? J’interroger­ai ma famille si l’éventualit­é se présente, mais beaucoup de choses devront changer en Syrie pour cela. Avec tous ces immeubles détruits, il faudra vingt ans pour relever le pays».

«On souhaite donner une bonne image»

Retour au football, Mahmoud se réjouit que ses fils puissent taper le ballon à Hyères. Eux n’attendaien­t que ça ! C’est une belle parenthèse dans un quotidien qui se partage entre l’école, le collège et le centre d’accueil pour demandeurs d’asile. « Les conditions de vie y sont confortabl­es et nous nous entendons bien avec les autres étrangers qui y vivent, notamment les Marocains », avoue Mahmoud. Sur le bord de la pelouse, Juanita attend son heure. Cette Albanaise de 13 ans joue elle aussi au football, depuis cinq ans. Elle a participé aux premières séances avec les garçons et découvrira aujourd’hui les filles de l’équipe U14 avec qui elle va partager deux entraîneme­nts par semaine. «J’ai hâte de pouvoir parler avec elles », confie-telle. Messaoud Nouichi, éducateur passé par l’ASPTT quand il était minot, avant de faire les beaux jours du Hyères FC, explique : « Juanita est très volontaire, elle est beaucoup moins timide que Nugo (un Géorgien de12 ans, absent ce jour). Elle parle très bien français alors qu’avec les autres, je dois baragouine­r en anglais comme je peux ! Avec les étrangers, il faut démontrer et se faire comprendre. Mais on a vocation à le faire, non? On souhaite tous donner une bonne image de notre ville et de notre pays pour le peu de temps qu’ils vont passer ici. On pousse nos jeunes à les faire parler en français pour qu’ils progressen­t. Ils échangent naturellem­ent et apprennent les uns des autres. C’est la force du groupe, seul compte l’envie de faire gagner l’équipe. »

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(Photos Patrick Blanchard) Sous les yeux de leur père Mahmoud, Baran (à gauche) et Saleh (à droite) ont redécouver­t le plaisir de taper dans un ballon, mercredi au stade Berteau.

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