Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Mort à  ans dans une cité à Toulon sous les balles

Ihab Bouzar n’a pas survécu à la balle qu’il a reçue en pleine tête jeudi soir, au pied d’une barre d’immeuble de Pontcarral. Ce quartier, reconnu difficile, est sous le choc

- SONIA BONNIN sbonnin@varmatin.com

Trois impacts sur un mur délabré. Ce ne sont pas les premiers que connaît la cité Pontcarral à Toulon, mais ils ont cela de particulie­r qu’ils ont donné la mort. Jeudi vers 23 heures, en face d’une barre d’immeuble, adossé au mur des parkings, Ihab Bouzar, 18 ans, est tombé sous les balles. Cette rafale ne lui a laissé aucune chance. Il a reçu un projectile en pleine tête et n’en a pas réchappé. Quelques heures plus tard, il est mort à l’hôpital Sainte-Anne, où il avait été transporté en urgence absolue.

Voiture retrouvée dans la nuit

« Il mangeait son sandwich, il a fait trois mètres et il s’est effondré là», désigne un groupe de jeunes hommes, qui gravite autour des lieux. « C’est un petit qui n’est pas d’ici, qui n’a pas d’histoire », assure-t-on. Au moins cinq douilles ont été relevées sur place. Très probableme­nt crachées par un pistolet automatiqu­e. Les tirs sont venus d’une voiture qui a vite disparu, mais dont le signalemen­t a été donné. Dans la nuit, le véhicule était retrouvé vide, dans le proche quartier de La Beaucaire. Intact. Il s’agissait d’une voiture volée. Si Ihab Bouzar n’est clairement pas un inconnu – ni auprès des services de police, ni en justice – il n’a pas le profil d’un délinquant de premier plan. Il est connu pour des dossiers de stupéfiant­s ; il a été condamné l’année passée ; il était en garde à vue il y a quelques jours encore ; mais était-il spécifique­ment ciblé ? Et, si oui, pour quelle raison ? Il est encore impossible de répondre. Pourtant, la façon dont il est tombé sous les balles ressemble à une exécution. Une autopsie a été ordonnée par le parquet de Toulon. L’enquête a été confiée à l’antenne toulonnais­e de la police judiciaire, qui ne peut que considérer ce contexte de tirs dans les quartiers, en lien avec les trafics de drogue.

« C’est quoi ça, c’est pas la France»

Pour les habitants du quartier, classé en zone de sécurité prioritair­e, l’épisode est un choc. Deux femmes se pressent dans un hall d’entrée, sans avoir vraiment envie de parler. « On ne sait rien. Nous, le soir, on est chez nous, on a des enfants. »Et de lâcher que « oui, c’est difficile de vivre ici ». Une autre mère de famille, tenant ses deux petits par la main ne peut retenir sa colère. « J’étais en train de préparer le biberon pour ma fille, quand je vois par la fenêtre de la cuisine que ça tire. Là, juste en dessous. » Le quartier devient oppressant. Elle n’en finit plus de répéter : « C’est un grand problème, moi je suis très triste. C’est quoi ça, c’est pas la France. » Un homme, la quarantain­e sportive, livre sa conclusion : « Je le dis, petit à petit, ça va se passer comme à Marseille. Et ça se passe. »

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(Photo Frank Muller) Des impacts ont laissé leur trace. Jeudi soir, les tirs ont tué.

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