Prélèvement d’os : l’hôpital d’Antibes très mobilisé
Des prélèvements osseux en chambre mortuaire destinés à traiter des maladies graves. Cela se passe à l’hôpital d’Antibes et c’est une première
Prélèvements, greffe d’organes ... on a coutume d’associer ces mots à poumons, coeur, reins, foie… En réalité, bien d’autres organes et tissus sont concernés. Les os en particulier. Le don d’os constitue, en effet, une alternative très intéressante aux prothèses artificielles. «La cryoconservation [une étape systématique pour ce qui concerne les os, ndlr] diminue considérablement le risque de rejet immunologique chez le patient greffé – même si ce type de greffe ne nécessite pas de respect de compatibilité. Par ailleurs, l’irradiation préopératoire systématique de l’allogreffe, réduit très fortement le risque d’infection. Enfin, l’allogreffe permet une réinsertion musculaire efficace, améliorant ainsi le résultat fonctionnel», relate le Dr Michaël Djian.
Etre utile, simplement
Ce jeune médecin qui exerce au centre hospitalier d’Antibes-Juan-les-Pins, fait partie des rares chirurgiens orthopédistes volontaires en France pour réaliser ces prélèvements d’os sur des personnes récemment décédées (1). Des interventions qu’il pratique souvent tard le soir, dans le bloc chirurgical juxtaposant la chambre mortuaire (l’hôpital d’Antibes est le seul établissement en France à disposer de ce type de plateforme). Ce qui motive ce jeune médecin? Être utile, tout simplement. «En consultation, je reçois des patients qui pourraient avoir besoin d’une allogreffe osseuse», justifiet-il sobrement. L’utilité de son « engagement » se mesure à l’aune des indications de la greffe osseuse : cancer des os dont le traitement a nécessité de retirer une grande quantité d’os, voire l’articulation, traumatismes graves ayant provoqué une perte osseuse importante, reprise de prothèses du genou, de l’épaule, de la hanche, après survenue de complications… «On peut traiter ces patients en mettant en place une prothèse massive de reconstruction. Mais ces implants ne sont pas dénués de complications mécaniques et infectieuses.» Une fois prélevés (dans les mêmes conditions qu’une intervention classique), les os sont convoyés via la navette de transport du sang jusqu’à la Banque de tissus à Marseille. C’est là qu’ils sont conditionnés avant d’être affectés pour une greffe dans un autre établissement de santé. «Les os cryoconservés peuvent être utilisés jusqu’à dix ans, après le prélèvement.» Prélèvement qui s’effectue dans le respect de la dignité du donneur, en évitant d’être «délabrant» et en reconstruisant le membre à l’aide d’un implant de synthèse similaire à l’os qui est prélevé. «Les besoins en tissu osseux sont considérables et ne parviennent pas à être satisfaits ; la pénurie est en grande partie liée au manque de chirurgiens préleveurs, ce type de chirurgie ne se faisant que sur la base du volontariat», regrette Isabelle Roche, l’infirmière coordinatrice des prélèvements d’organes et de tissus à l’hôpital d’Antibes qui assiste le Dr Djian lors de ces interventions. Qui peut être prélevé? Des femmes de moins de 55 ans, et des hommes de moins de 65 ans, ne présentant aucun antécédent de cancer, d’infections (VIH, hépatite C), et ne souffrant pas d’ostéoporose. Des contre-indications qui limitent aussi les prélèvements: «A Antibes, seule une dizaine de personnes décédées ont pu être prélevées parmi les soixante-dix donneurs potentiels», confirme Alain Latil coordinateur hospitalier de prélèvements d’organes. L’occasion de rappeler combien il est important de signifier sa position vis-à-vis du don d’organes.
1. Contrairement au prélèvement multi-organes, qui doit être réalisé dans les 6 h qui suivent le décès, celui des tissus, comme la cornée ou les os, peut attendre jusqu’à 48 h.