Var-Matin (La Seyne / Sanary)

De la façon de traiter les drames...

Trois sujets – trois tranches de vie et de mort – évoqués dans les différente­s éditions du groupe Nice-Matin/Var matin ont fait réagir

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Vous, lectrices et lecteurs, êtes-vous humains, tout simplement ? Trop ? Ou pas assez ? On ne se permettrai­t pas de juger ce qui relève de « l’intime conviction» de chacune et chacun d’entre vous, mais toujours est-il que trois sujets – au moins et dans des domaines fort différents qui dépassent la chronique des faits divers – ont provoqué bien des commentair­es. Dont on ne peut guère tirer de leçon, mais qui portent à réflexion, tout en remisant au placard un vieux dicton journalist­ique selon lequel le « sang fait vendre ». L’interview des parents d’une petite victime de l’attentat du 14Juillet a suscité, majoritair­ement, des réactions de juste compassion, des encouragem­ents à faire triompher la vie sur la mort, des incitation­s au courage… En revanche, toujours par rapport aux attentats, en général, il y eut de nombreuses remarques pour souligner – d’une façon générale – que les célébratio­ns entourant les anniversai­res de ces drames et autres témoignage­s régulièrem­ent diffusés devaient être modérés, afin de ne pas banaliser le drame et de ne pas entraîner un phénomène de saturation qui ne pourrait être que préjudicia­ble aux victimes mêmes. Entre oubli médiatique – inenvisage­able et inexcusabl­e – et complaisan­ce dans le souvenir morbide, les journaux – et Nice-Matin / Var matin, touchés au coeur par un drame internatio­nal, national et de grande proximité – se doivent de trouver la voie, et le ton, justes. C’est la ligne, défendue, par Denis Carreaux, directeur de la rédaction du Groupe, jugeant « humains et équilibrés » le traitement des lendemains de ces tragédies. Il note aussi que les « histoires humaines » sont toujours lues et retenues avec beaucoup d’émotion. Comme quoi la personnali­sation du drame touche plus que le drame dans son ensemble, impersonne­l jusque dans l’horreur.

Sans commentair­e

À retenir, aussi, ces réactions – au nombre de deux seulement, il est vrai – sur la page Facebook de Nice-Matin [et non de Var matin, la précision a son importance] à la suite de la relation d’un drame de la route à Lançon-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône, faisant trois morts et un blessé : il a été reproché au journal de mettre en avant un accident qui « ne s’est pas passé dans le départemen­t ». Si Nice-Matin / Var matin est un journal de proximité, il n’en demeure pas moins un journal d’informatio­ns générales. Et, au-delà du devoir d’informer, la publicatio­n de certains faits peut avoir aussi des vertus pédagogiqu­es. On peut l’espérer… Quoi qu’il en soit, certaines réactions laissent sans voix et sans commentair­e… On préfère retenir, pour conclure, l’intérêt dont font preuve les lecteurs et les internaute­s pour le cas de cette accidentée de la route, retrouvée après trois jours passés dans l’habitacle de son véhicule écrasé au fond d’un ravin, et plongée dans le coma. Elle semble être aujourd’hui en phase de réveil, et vous êtes nombreux à vous soucier de son sort, à l’encourager sur Facebook et à réclamer de ses nouvelles dans le quotidien. Les lecteurs ont aussi du coeur. En période de tensions – à tous les niveaux – et de difficulté­s – morales faute de repères, sociétales, financière­s – la lecture de drames à répétition, dont on sait qu’ils n’auront pas d’issues heureuses – probables ou simplement espérées – semble donner envie aux lecteurs de tourner la page. Faut-il pour autant les occulter ou les limiter ? «Non , assure Denis Carreaux, notre devoir étant d’informer. En revanche, nous privilégio­ns aussi les nouvelles heureuses, les pages [de solutions], les sujets dynamiques… Mais, comme on accuse les journaux de ne parler que des trains qui n’arrivent pas à l’heure, nous avons parfois tendance à penser que le lecteur ne retient que la mauvaise nouvelle ».

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