Aux grands maux, les petits vocables…
Saluons l’efficacité des lexicologues qui vont réussir – mieux que les policiers et les gendarmes réunis – à faire baisser le nombre des homicides en créant les féminicides. Ainsi, la procureure et la juge sauront-elles, sans même avoir besoin de feuilleter le dossier du justiciable, à qui elles vont avoir affaire. Pour gagner du temps dans les autres domaines de la délinquance, il ne faudra pas plus lésiner sur les expressions descriptives que sur les néologismes : le voleur à la fouille qui puise dans les poches des touristes chinois se distinguera du voleur à la tire qui s’empare du sac à main des veilles dames. De même, il conviendra d’appeler différemment un trafiquant qui achemine une tonne de cocaïne et un détaillant dont l’unité de compte est le gramme. Trop vague, le harcèlement sexuel devra perdre sa signification générique et deviendra, selon l’évolution du délit, une sollicitation de trottoir ou le coup du petit café. A l’inverse, les femmes qui, dans les transports en commun, manqueront de respect aux hommes, pourront faire plaider par leur avocat l’« égalitarisme digital ». Enfin, on pondérera la « présomption de non-consentement » qui ne laisse plus guère espérer d’indulgence aux apprentis séducteurs par le « refus d’assistance à contemporain en danger de solitude » sanctionnant pour la première fois les
pimbêches.