Le fort Lamalgue
(Photo DR) gouverneur de l’Algérie. Il a écrit au général français Lamoricière, commandant de l’armée française : « Nous voulons la parole de la France que vous nous ferez transporter soit à Alexandrie en Égypte, soit à Saint-Jean-d’Acre en Turquie mais pas ailleurs. »
Débarqué à Toulon avec sa famille
Le général a répondu : « J’ai reçu l’ordre du fils de notre Roi Louis-Philippe de vous accorder ce que vous m’avez demandé et de vous donner le passage de Djemaa-Ghazaouet à Alexandrie ou SaintJean-d’Acre. On ne vous conduira pas autre part. Ne doutez point de cette parole. Notre souverain sera généreux envers vous et les vôtres. » Le 25 décembre 1847, Abd el-Kader, sa famille et les quatre-vingt-huit personnes de
son entourage se sont donc embarqués sur l’Asmodée. Mais une fois l’Asmodée en mer, changement de direction. La France a renié sa parole. Le bateau s’est dirigé vers Toulon. Les autorités toulonnaises ne sont pas préparées à cette arrivée. Affolement dans le port. Le 29 décembre 1847, Abd el-Kader et sa suite sont débarqués au lazaret – là où étaient mis en quarantaine les passagers en provenance des pays où sévissaient des épidémies. Ils y demeureront jusqu’au 8 janvier. Ce 8 janvier, l’émir et sa suite sont séparés en deux groupes : l’un placé au fort Malbousquet, au nord-ouest de l’enceinte de l’arsenal, l’autre - dont font partie Abd elKader et ses proches - au fort Lamalgue, du côté du Mourillon. Leur emprisonnement va Le fort Lamalgue, comprenant quatre bastions autour d’une grande cour d’honneur, a été érigé à partir de par l’architecte Millet de Monville pour renforcer la protection du port de Toulon. Il a souvent servi de lieu de détention, notamment pendant la période révolutionnaire, puis après l’insurrection du Var en , et jusqu’en . Le prisonnier le plus célèbre demeure Abd el- Kader. durer trois mois. Les conditions de détention sont pénibles, en particulier pour la mère et les femmes. « Abd el -Kader se levait avec le jour puis faisait sa prière », décrit l’historien Alexandre Bellemare. Il allait ensuite saluer sa vieille mère et passer un moment avec sa famille. Rentré chez lui, il se reposait pendant une heure. Ses compagnons venaient ensuite lui rendre leurs hommages. Puis, resté seul avec ses deux fils 6 1 /
Mohammed et Mahhi-ed-Din, il leur faisait répéter leurs leçons. Vers 11 heures, déjeuner. A midi, tout le monde se réunissait pour la prière commune. De midi à 3 heures, réception de personnalités. A 3 heures, prière en commun, puis lecture religieuse faite soit par Mustapha Ben Tami, soit par Abd elKader lui-même. De 5 à 6 heures, visite à la famille. A 6 heures, prière en commun jusqu’à 8 heures. A 8 heures, souper. » 3 l’Asmodée 5