La police intercepte à Nice les livreurs des pays de l’Est
Chaque week-end, dans le quartier russe, des fourgonnettes écoulent des denrées alimentaires importées clandestinement. Ce petit manège a été la cible d’une opération de police
Ce n’était pas le «black friday», mais plutôt le marché de l’ombre. Un petit commerce parallèle, monté selon un mode opératoire original, qui venait perturber la quiétude du quartier russe, à Nice, week-end après week-end. Jusqu’à celui-ci du moins. La police vient en effet de porter un sérieux coup d’arrêt à ces pratiques insolites autant qu’illicite. Pratiques que dénonçaient les riverains du boulevard Tzarewitch, de l’avenue Nicolas-II et de la rue Cluvier, excédés de voir perdurer ce petit manège sous leurs fenêtres. Voilà des mois que, du vendredi soir au dimanche, des camionnettes investissent ces artères proches de la célèbre cathédrale orthodoxe. Des véhicules immatriculés en Roumanie, en Moldavie, ou encore en Pologne ou en Ukraine. Dans le coffre: des dizaines de colis. Et dans ces colis, diverses denrées alimentaires en provenance des pays de l’Est. « C’est une sorte de Chronopost de l’Est », résume Richard Gianotti, le nouveau patron de la police municipale niçoise. La clientèle est bien ciblée. En guise de publicité, des affichettes rédigées en cyrillique s’exposent à la vue des passants. En dessous, des talons détachables avec un numéro de téléphone portable. Les clients appellent. Passent commande. Puis viennent récupérer, le weekend venu, des denrées que l’on paie de la main à la main.
Opération conjointe
De quoi susciter une gêne grandissante aux alentours. «Beaucoup de riverains se plaignent, atteste Charles Bovari, coprésident du comité de quartier Parc-Impérial. Ces allées et venues génèrent du stationnement anarchique. Des gens se garent en double file, devant les entrées de parkings ou sur les places de voitures électriques. Cela crée beaucoup de désordre et du bruit la nuit. » Tout juste intronisé à la tête de la «Municipale» niçoise, Richard Gianotti reçoit le message cinq sur cinq. Il se met en lien avec la police nationale pour mettre en place une opération commune. Il demande à ses équipages d’effectuer des repérages. Puis, samedi matin, les hommes en bleu passent à l’action, sur réquisition du procureur de la République. Les équipages de la sécurité publique et de la police municipale interviennent de concert, accompagnés de la fourrière. Ils contrôlent une quinzaine de personnes, investissent deux fourgonnettes chargées de marchandise clandestine. Biscuits, vitamines, jus de fruits… Pas de caviar au menu, encore moins de stupéfiants. Reste que ces produits n’auraient jamais dû arriver ainsi, par la route et sous le manteau. Transport de marchandise clandestine, travail dissimulé par dissimulation d’activité ou complicité, vente à la sauvette: voilà les ingrédients qui ont conduit les protagonistes à la caserne Auvare, pour y être entendus par le service du Quart.
Coup de semonce
Mais à l’instar de la nature, le commerce – illicite ou pas – a horreur du vide. Si bien que, samedi après-midi puis hier, la police municipale a contrôlé d’autres fourgonnettes au chargement clandestin. Un coup de filet ne suffira sans doute pas à tarir cette filière. Mais les premières mises en fourrière, le risque de saisie du véhicule voire de poursuites pénales devraient inciter à réfléchir… «Nous allons garder ce secteur sous surveillance, prévient Richard Gianotti. Le but est de porter un coup d’arrêt définitif à ce trouble à l’ordre public. On ne vient pas sur le sol français pratiquer une telle concurrence illégale!» Charles Bovari, quant à lui, salue l’action des forces de l’ordre: « Ils ont fait le boulot. Ils ont pris la mesure du problème. Tout ce que veulent les riverains, c’est la tranquillité ».