Var-Matin (La Seyne / Sanary)

À la recherche d’un nouveau souffle

- Par MICHÈLE COTTA

Comment faire un parti politique qui ne ressemble pas aux autres, et qui, surtout, ne souffre pas, comme tous les autres, d’une image négative aux yeux des Français ? Comment faire pour structurer un mouvement tout en laissant ceux qui s’en réclament avoir leur idée à eux, leur parole autonome, leurs actions non concertées ? Comment les laisser libres des contrainte­s partisanes, alors qu’il s’agit, même si le Chef affirme le contraire, de s’organiser, autour de lui, pour gagner les élections européenne­s, locales et présidenti­elle qui suivent ? Ce week-end à ClermontFe­rrand, c’est l’exercice difficile auquel se sont livrés Jean-Luc Mélenchon et ses adeptes réunis en convention, pour la troisième fois depuis la dernière élection présidenti­elle. On y a parlé d’auto-organisati­on populaire, d’aides apportées ponctuelle­ment aux habitants des quartiers et petites communes pauvres, de réseau de luttes pour faire remonter au sommet, via Internet, les revendicat­ions locales. Le but est clair : rechercher d’autres formes de mobilisati­on, si possible, évidemment, efficaces. Toutes ces questions, Mélenchon ne se les serait pas posées s’il avait pu, à l’automne, empêcher le vote sur la réforme du travail, moins encore s’il avait pu, comme tant de ses militants l’ont pensé, obliger le président de la République à retirer la loi, une fois votée, comme l’avait fait, il y a des années, Jacques Chirac à propos du Contrat première embauche. Les Insoumis en rêvaient, les syndicalis­tes s’entretenai­ent eux-mêmes dans cet espoir mais Emmanuel Macron n’a pas passé le texte par pertes et profits, et ce sont ses adversaire­s Insoumis qui, d’une manifestat­ion à l’autre, ont vu fondre leurs troupes. Jean-Luc Mélenchon est trop fin politique pour ne pas reconnaîtr­e l’échec de la stratégie qu’il a suivie depuis l’automne. Il n’y a pas eu, comme il y avait appelé, un million de personnes sur les Champs-Élysées pour obtenir du président qu’il déjuge sa ministre du Travail. Les syndicats, toutes tendances confondues, ne se sont pas réunis derrière lui comme un seul homme. Et sa cote chute dans les sondages. Jean-Luc Mélenchon sait bien, après ces insuccès qu’il a lui-même parfaiteme­nt analysés, qu’il lui faut rebondir. Après la déprime qui l’a atteinte un moment, voici venu le temps du nouveau souffle. Plus facile à dire qu’à faire, car Mélenchon n’est pas un rassembleu­r. Il ne s’est jamais senti à l’aise dans aucun parti. Ses rapports avec le restant de la gauche sont plus que tendus : le PC a pris ses distances, le Parti de gauche a disparu, les écolos volent de leurs propres ailes. Ne reste que Benoît Hamon à qui le leader de la France insoumise a tendu la main hier, mais qui, pour le moment, préfère rester le premier dans sa chapelle. Quel avenir, donc, pour Jean-Luc Mélenchon ? Son sort est lié, plus qu’il ne le croit, à Emmanuel Macron. Si celui-ci continue à dynamiter les partis, de gauche et de droite, s’il obtient des résultats, si la situation économique s’améliore, on ne donnera pas cher de la peau de Mélenchon. Dans le cas contraire…

Jean-Luc Mélenchon est trop fin politique pour ne pas reconnaîtr­e l’échec de la stratégie qu’il a suivie depuis l’automne...

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