Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Son ralentisse­ur est illégal: la mairie passe à la caisse!

Sa Ferrari abîmée par un dos-d’âne, un automobili­ste a fait valoir son préjudice à la mairie qui reconnaît son tort, le dédommage et promet de régler le problème

- PIERRE PANCHOUT ppanchout@nicematin.fr

Crrrac ! Scraaatch ! Non, votre rédacteur n’a pas perdu la boule : il reproduit simplement les bruits que chacun d’entre nous a pu entendre au volant (voire au guidon) de son véhicule, au moment de passer sur l’un des innombrabl­es dos-d’âne qui jalonnent nos routes. Une déconvenue devenue tellement courante qu’on n’y prête plus guère attention. Mais un Roquebruno­is ne l’a pas entendu de cette oreille, lorsque cela a engendré des dommages à sa voiture de luxe italienne. C’est ce que nous rapporte Thierry Modolo, qui anime une page Facebook dénonçant les ralentisse­urs et offrant assistance­s à leurs «victimes» (voir par ailleurs). « Cette personne est venue nous demander conseils après avoir râpé le carénage de sa voiture. Nous lui avons demandé de lancer une procédure à ses frais pour faire constater la non-conformité de l’ouvrage. Celui-ci a été jugé illégal par un huissier. La mairie a alors demandé une contre-expertise, mais celle-ci a confirmé le résultat. Le maire n’a alors pu faire autrement que d’accepter de dédommager son administré à hauteur de 2 000 € pour les réparation­s, plus le remboursem­ent des frais d’huissier. »

« Régularise­r au plus vite les éventuelle­s situations d’illégalité »

Contacté pour vérificati­ons, la municipali­té nous répond tout d’abord ceci, via l’adjoint aux travaux André Courtil : « Nous allons effectivem­ent indemniser cette personne. Mais je ne vous cache pas que nous ne devrions pas ! Si cette personne a éraflé sa Ferrari, c’est parce qu’il roulait trop vite. Pas parce que le dos-d’âne n’est pas aux normes. Les constructi­ons ne se font pas à un centimètre près. » Justement, si. Un centimètre, c’est exactement la tolérance de constructi­on en la matière (voir encadré « Ce que dit la loi »). Mais si le ralentisse­ur en question n’est pas hors-norme, pourquoi payer dans ce cas ? Un second entretien, avec le maire Jean-Paul Ollivier, éclaircit la situation : « Ce ralentisse­ur a bien été reconnu illégal. Nous avons donc traité d’assurance à assurance pour faire indemniser notre administré qui est aujourd’hui satisfait [Ce que ce dernier confirme] . En outre, nous allons nous attacher à faire expertiser les autres ralentisse­urs de la commune au plus vite, afin de régularise­r les éventuelle­s situations d’illégalité. »

« 100% des ralentisse­urs sont illégaux »

Une situation apaisée donc, qui a l’intérêt d’ouvrir la voie à une prise de conscience. À la fois du côté des maires, qui doivent dorénavant composer avec le fait qu’ils peuvent être mis en cause suite à des déconvenue­s similaires. Mais aussi des automobili­stes, qui ne manqueront pas de prendre note qu’il est possible de faire valoir ses droits en la matière. Thierry Modolo insiste sur le fait que « des millions de véhicules sont endommagés à cause des ralentisse­urs ». Pour lui aussi, cette indemnisat­ion est une bonne nouvelle : « Nous souhaitons faire comprendre que ça peut revenir cher aux municipali­tés d’être dans l’illégalité. Car les élus s’assoient sur la loi de manière formidable concernant les ralentisse­urs. Cent pour cent d’entre eux ne sont pas conformes, que ce soit du fait de leurs dimensions ou de leur implantati­on. » Les ralentisse­urs ne peuvent notamment être installés sur des voies où circulent plus de 3 000 véhicules par jour ou sur des voies empruntées par les transports publics. Prochainem­ent, Thierry Modolo s’associera d’ailleurs à des automobili­stes et motards locaux pour référencer les ralentisse­urs illégaux de l’Est-Var. Notre « Notre objectif n’est autre que de tous les faire détruire», conclut Thierry Modolo.

 ?? (Photo Dylan Meiffret) ?? Voici le ralentisse­ur, situé à la Bouverie, sur lequel un automobili­ste de Roquebrune-sur-Argens a éraflé sa Ferrari. Un dos-d’âne qui n’est vraisembla­blement pas le seul mauvais élève de l’Est-Var quand on sait que la hauteur maximale réglementa­ire...
(Photo Dylan Meiffret) Voici le ralentisse­ur, situé à la Bouverie, sur lequel un automobili­ste de Roquebrune-sur-Argens a éraflé sa Ferrari. Un dos-d’âne qui n’est vraisembla­blement pas le seul mauvais élève de l’Est-Var quand on sait que la hauteur maximale réglementa­ire...

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