Estrosi sur une trajectoire LR... au moins jusqu’au Grand Prix de France
Le maire de Nice ne change pas de ligne : plus que jamais Constructif, Christian Estrosi entend jouer un rôle avec La France audacieuse. Avant d’aller voir ailleurs? Ce n’est pas exclu...
Les maires des quelque 36 000 communes de France tenaient la semaine dernière leur centième congrès. Christian Estrosi y siégeait en tant que vice-président. « Une reconnaissance en tant qu’élu local », pour le président de la métropole niçoise. Mais aussi «une opportunité de peser dans le débat entre le gouvernement et les collectivités locales ». Certes, il a pris «un tournant délicat » ces dernières années, reconnaît Christian Estrosi qui pointe du doigt la baisse des dotations de l’État et de ses financements. Autant de raisons de passer en mode résistance, voire de basculer dans une opposition farouche au gouvernement du président Macron? Ce n’est pas la conception de cet élu Les Républicains qui se veut, plus que jamais, Constructif et au service d’une « France audacieuse» pour paraphraser ces deux mouvements politiques qui, au sein des LR, se démarquent d’un positionnement plus « droitier » incarné par Laurent Wauquiez.
« Peser sur les grandes réformes à venir »
Pour Christian Estrosi il y a moyen de peser sur « les grandes réformes à venir ». « Pour qu’elles ne se fassent pas à nos dépens » et remplir cette « triple exigence » qui s’impose aux maires: « proximité, responsabilité et action ». Pour cela, les collectivités Christian Estrosi veut faire entendre ses propositions. locales ont besoin de « garantir leur autonomie fiscale et territoriale», estime Christian Estrosi pour qui cela passe par « la possibilité d’expérimenter» en dehors du cadre rigide de « la loi qui s’impose à tous ». « Parce que nos territoires sont tous différents. » Ils sont surtout le moteur de l’économie française. « Les collectivités sont à l’origine de 65 % de la commande publique qui fait effet de levier alors qu’elles ne pèsent que 8 % de la dépense publique », rappelle le maire de Nice. Voilà pourquoi selon lui « l’État a intérêt à considérer les maires de France comme des partenaires et des forces de propositions». Or, des propositions, Christian Estrosi n’en manque pas. En matière de fiscalité tout d’abord, non seulement il ne s’oppose pas à la suppression de la taxe d’habitation voulue par Emmanuel Macron mais il est prêt à aller plus loin. «Au-delà de cet impôt injuste qui pèse essentiellement sur les classes moyennes, pourquoi ne pas supprimer aussi la taxe foncière et l’ancienne taxe d’apprentissage pour les remplacer par une quote-part sur les recettes de TVA.» L’élu niçois annonce qu’il va lancer des états généraux sur le sujet dès 2018. En matière d’emploi, il se félicite que le président de la République ait retenu son idée de créer des contrats d’objectifs entre l’État et les communes pour ne pas pénaliser, en termes de baisses de dotations, celles qui investissent et donc contribuent à créer de l’emploi. Dans le domaine crucial de la sécurité enfin, il plaide une nouvelle fois pour des prérogatives accrues des policiers municipaux, mais aussi des maires pour qu’à l’avenir ils se retrouvent sur un pied d’égalité avec les préfets qui représentent le ministre de l’Intérieur.
« Macron a fait plus en mois que ses prédécesseurs en ans »
Christian Estrosi se veut ainsi « pragmatique » : «Au ministère de la parole, je préfère celui de l’action », résume-t-il. C’est le sens de La France audacieuse, ce mouvement dont il est à l’initiative et qui rassemblerait déjà « près de 10 000 élus locaux» d’horizons divers et qui n’entendent pas « se laisser priver de leur liberté par les appareils politiques auxquels ils appartiennent ». Christian Estrosi, lui, n’hésite pas à le dire : « Ce Président a fait plus en six mois que ces prédécesseurs de gauche comme de droite en vingt ans. » Alors pourquoi ne pas le rejoindre tout simplement? Le maire de Nice se dit toujours attaché à ses « racines RPR puis UMP » . Il espère encore « pouvoir faire bouger les lignes» au sein des Républicains. Voilà pourquoi, contrairement à Darmanin, Solère et Lecornu ce week-end, il «ne claque pas la porte » pour rejoindre La République en marche. Du moins pas encore. «Car , prévient-il, si dans les semaines à venir il devait y avoir une restructuration de notre mouvement qui, dans le prolongement des exclusions du Premier ministre et de celui du Budget, devait se poursuivre dans cette voie du sectarisme » et «de la radicalisation vers la droite extrême » « il faudra alors que j’en tire les conséquences », annonce Christian Estrosi. Plus proche que jamais de quitter Les Républicains ? Ce n’est manifestement pas exclu. Même si cela ne se fera en tout cas pas avant le 24 juin prochain. «Ce jour-là la Marseillaise retentira à nouveau sur le circuit du Castellet pour le Grand Prix de France après dix ans d’absence », rappelle le maire de Nice qui assure qu’il ne prendra «aucune décision personnelle » susceptible «d’alimenter les polémiques politiciennes » au risque de « compromettre cet événement d’intérêt général. »