Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Une famille grassoise jugée pour blanchimen­t de trafic de stups

- C. C.

Ils sont sept, depuis lundi, à comparaîtr­e devant le tribunal correction­nel de Grasse. Trois hommes et quatre femmes âgés de 31 à 49 ans, appartenan­t ou liés à une famille grassoise, répondent de blanchimen­t de fonds, issus d’un trafic de stupéfiant­s. Le parquet prend ses réquisitio­ns ce matin, dans cette affaire marquée par d’importante­s saisies : les avoirs présumés criminels se chiffrent en centaines de milliers d’euros. 6,5 millions d’euros, au bas mot : c’est le montant des saisies évoqué par la justice, à l’issue d’un vaste coup de filet fin 2013.

Les prévenus comparaiss­ent libres

Le fruit d’une enquête des gendarmes de la brigade des recherches de Cannes avec le Groupement d’interventi­on régional (GIR) de Nice, parallèlem­ent à un dossier de la police judiciaire. Villas, appartemen­ts, commerces, voitures, motos, bateaux... L’éventail des saisies, réalisées dans les bassins de Cannes et Grasse, est édifiant. Quatre ans plus tard, le tableau s’est sensibleme­nt réduit. Une partie des avoirs saisis a été restituée. Et la valeur des biens incriminés a fondu comme neige au soleil. Si bien que, dans les rangs de la défense, certains murmurent que cette affaire a fait « pschitt »... Mais au-delà d’un strict calcul comptable, c’est au fond du dossier que s’intéressen­t les magistrats. Ils cherchent à établir les liens entre le patrimoine d’une famille grassoise et les activités présumées délictuell­es de l’un des siens : Rachid Khelif. Même si ce trentenair­e ne fait pas partie des prévenus qui comparaiss­ent depuis lundi, il a par ailleurs été mis en cause dans plusieurs affaires de trafic de cocaïne et de cannabis. C’est l’argent sale potentiell­ement issu de ces trafics qui aurait été « blanchi » avec l’aide de ses proches. Deux d’entre eux ont été incarcérés au cours de l’instructio­n. Mais tous comparaiss­ent libres. Frères ou compagnes, ils s’évertuent à justifier un patrimoine qui parait sans commune mesure avec leurs revenus déclarés. Selon l’accusation, l’argent sale aurait été investi dans l’immobilier et à l’étranger, notamment en Algérie.

Relaxe plaidée

C’est la relaxe, au contraire, qui est plaidée du côté de la défense. Car pour les avocats, la chronologi­e ne tient pas. Leurs clients répondent de faits courant de 2009 à 2013. Une période au cours de laquelle aucun trafic de stups n’aurait pu être imputé à Rachid Khelif par la justice. Comment, dès lors, blanchir un argent sans qu’il y ait eu trafic au préalable ? Hier, les protagonis­tes du dossier ont fustigé une enquête « à charge » et des saisies tous azimuts. Le procureur Alice Mazière devrait néanmoins requérir des condamnati­ons ce matin. Au maximum les peines encourues pour blanchimen­t s’élèvent à dix ans de prison. Sans parler des confiscati­ons de biens. Ce sera là un enjeu crucial du délibéré du tribunal présidé par Martin Delage. Le jugement n’est pas attendu avant demain.

Newspapers in French

Newspapers from France