La photographie de classe toujours à la mode
Des milliers d’écoliers, jusqu’à début décembre, devant l’objectif. Une tradition indispensable pour les parents, les écoles et les photographes professionnels locaux
B «onjour les monstres ! » Ce matin-là, sur les coups des 10 heures à l’école Muraire, en centre-ville de Toulon, Christian fait le zouave face à des petits écoliers hilares. C’est l’heure de la photo de classe. Rendez-vous à l’étage, entre rideaux et projecteurs. « Tiens, voilà les CE1. Approchez-vous!, annonce l’un des deux photographes présents, en zig-zaguant entre les fils électriques. Et on arrête de se regarder dans la glace!» La classe de Caroline arpente l’allée en file indienne ; mais quelques frimousses endimanchées sortent du rang. «On peut faire des grimaces?» « Oui, on fera aussi une photo de grimaces», lance Christian, 63 ans. Vingt minutes plus tard, en fin de séance, les deux émissaires du laboratoire Delmas, basé à La Seyne, canarderont ainsi des « zombies ». Avant que son confrère, Jean-Luc, ne saisisse les portraits des écoliers.
Deux écoles par jour
Ces scènes de vie, les loquaces photographes en ont croqué des centaines depuis le mois de septembre. « Tous les jours, parfois dans deux établissements différents », explique Jean-Luc, 67 ans. En trois demi-journées, les 430 minots du groupe scolaire (maternelles et primaires) ont tous défilé. « Les parents veulent absolument
la photo de classe avant Noël, pour la déposer sous le sapin, la demande est toujours très forte, observe la directrice de l’école maternelle, Virginie Eymery. Et (le laboratoire) Delmas a un planning chargé. » En effet, le studio seynois, implanté aux Playes (lire cidessous), est un rescapé. Il immortalise les écoliers du coin; et doit faire face à la concurrence de géants parisiens implantés jusque dans
le Var. A l’école Muraire, la tradition est tenace. «On prend les labos qu’on connaît, cela met les enfants à l’aise, explique le directeur du cycle primaire, Daniel Madie. Je connais George Delmas depuis longtemps, notamment par le bouche-à-oreille, mais on avait un autre photographe qui, pour l’anecdote, nous a plantés un beau matin il y a vingt ans. Avec Delmas, ça se passe très bien depuis.»
« C’est un vrai métier, reconnaît le photographe saisonnier. Il faut prendre une belle image, dans un temps record. Et puis, les enfants, il faut les “bader”. Moi quand je vois ces bouilles... Allez le chamallow, en piste! » L’institutrice confirme: « Il les fait rire, les enfants sont détendus avec lui. » Christian a trente ans de métier. Il tutoie la maîtresse, loue une «très bonne organisation » qui lui fait gagner du
temps. Dans le même aprèsmidi, ses centaines de clichés bruts seront envoyés au labo. «Tout est traité par ordinateur, relaie Jean-Claude. Aucun parent ne veut voir un nez qui coule... Il y a aussi quelques retouches de couleurs, sans parler des pochettes à réaliser. Mais on a l’habitude : la photo de classe sera disponible la semaine prochaine. »