Var-Matin (La Seyne / Sanary)

L’hommage émouvant rendu à Mathys

Les obsèques de Mathys Charlier, 15 ans, victime d’un tragique accident de voiture samedi soir, ont été célébrées hier matin. Tous ses proches étaient présents

- LIONEL PAOLI lpaoli@nicematin.fr

Ils sont plusieurs centaines, massés devant l’église, mais on ne voit qu’eux. Le groupe des potes. Les copains du lycée. Ces silhouette­s trop jeunes qui se pressent les unes contre les autres, qui tremblent de froid et de peine. Grappes de chagrin. En retrait, les adultes. Les parents. Les amis. Les voisins. Et ceux qui sont venus, simplement, parce que l’horreur de ce samedi soir – de ce samedi noir – les a bouleversé­s. Parce que Mathys, 15 ans, mort dans un accident de voiture aurait pu être leur enfant. Leur fils. Ceux-là tressaille­nt, avec les proches, lorsque le corbillard découvre le cercueil blanc de l’adolescent. Ils suivent la marée humaine qui s’engouffre entre les vieux murs de pierre. Un chant d’accueil. Puis le silence. Le frère de Mathys, Timéo, 11 ans, rejoint le père Fernand Lopez. Entre deux sanglots, le garçon articule : « Je pense que tu es mieux là où tu es. Tu resteras gravé dans mon coeur. Même si on se disputait souvent, je t’aimais. Je viendrai te voir souvent au cimetière avec tes objets préférés. » D’autres témoignage­s évoquent la personnali­té de Mathys – « un garçon qui rayonnait ». Le curé de Roquebrune se tourne vers l’enfant qui pleure doucement : « Timéo, tu as grandi bien vite, en une seule nuit. Mais désormais, tu as un ange. Aussi loin que tu ailles, Mathys veillera sur toi toute ta vie ! » Le prêtre se tourne vers l’assistance : « Je ne sais pas ce qu’est Dieu pour la plupart d’entre vous, comment vous recevez ces textes pour ce non-sens qu’est la mort de Mathys. On a le droit de ne pas comprendre et d’être en colère. »

« Entre  et  ans, vous croyez tout savoir »

Il s’interrompt, évoque le message bouleversa­nt posté sur Facebook par la maman de l’adolescent Et reprend : « Moi aussi, je voudrais m’adresser aux jeunes. Vous allez sans doute me trouver moralisate­ur. Ceux qui pensent cela, c’est qu’ils n’ont rien compris. Entre 15 et 17 ans, vous croyez tout savoir. Vous êtes hyper-connectés, vous pensez que les adultes veulent vous empêcher de vivre… » Il tousse. Plonge dans ses souvenirs : « Il y a environ vingt ans, un adolescent m’a confié qu’il voulait vivre fort et qu’il se moquait de mourir jeune. Pardonnez-moi de dire cela dans une église : je me suis retenu de lui mettre une baffe… Vous vous croyez invincible­s ? Si vous saviez le nombre de gens de votre âge que j’ai enterrés ici ou qui sont restés paralysés pour le reste de leur vie ! » Le père Lopez secoue la tête. «Si on a plus de 30 ans, vous nous voyez comme des dinosaures. Vos parents aussi ont eu 15 ans. Et ce n’était pas au Moyen-Âge ! » La cérémonie s’achève. Le groupe des potes, les copains du lycée sortent les premiers. Lorsque le cercueil paraît sur le perron de l’église, ils lâchent un bouquet de ballons blancs. Puis, un par un, ils écrivent un ultime message sur la caisse nacrée. Ceux qui croient au ciel, ceux qui n’y croient pas, désormais réunis par une même certitude : ils ne l’oublieront jamais. * Tournée Orange de Noel. **Jeu gratuit sans obligation d’achat, voir conditions dans le bus. Orange, SA au capital de 10 640 226 396€, 78 rue Olivier de Serres 75015 Paris - 380 129 866 RCS Paris.

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