Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Une relaxe pour le Toulonnais Franck Perletto

S’il reste en détention, le Toulonnais vient d’être acquitté d’une tentative de casse en Suisse, en mai 2003 – alors qu’il était en cavale. Son passé lui vaut d’être en prison depuis 19 ans

- SONIA BONNIN sbonnin@varmatin.com

En un peu plus de deux ans, il a été relaxé deux fois. Il n’en reste pas moins détenu. Le 22 novembre dernier, le tribunal correction­nel de Paris a prononcé la relaxe en faveur du Toulonnais Franck Perletto. Le Lyonnais Pascal Payet était également poursuivi dans cette affaire de tentative de braquage, en Suisse, d’un fourgon transporta­nt cent vingt-six kilos d’or. Ces faits remontent au 5 mai 2003.

Juste après l’évasion par hélico

Le même Franck Perletto, toujours détenu pour trafic internatio­nal de stupéfiant­s, avait déjà été acquitté fin avril 2016, pour des faits autrement plus anciens (1990), dans lesquels il a été poursuivi 24 ans après leur commission. La cour d’assises des Bouches-du-Rhône avait écarté sa culpabilit­é dans le braquage d’un fourgon à Marseille, au cours duquel deux convoyeurs de fonds avaient été tués. Ces deux réponses judiciaire­s marquent l’épilogue de poursuites engagées à l’encontre du Toulonnais, dont les avocats ne cessent de dénoncer «l’incroyable longueur ». «Lorsque Franck Perletto a été acquitté en 2016, il allait pouvoir être libéré, illustre Me Thierry Fradet. Mais l’affaire suisse a fait obstacle à sa libération. » L’avocat le répète : « La libération de Franck Perletto a été retardée par l’audienceme­nt d’affaires très anciennes». Retour en 2003. En avril, le prévenu Franck Perletto s’est fait la belle. Il a grimpé avec deux autres détenus – et figures du milieu – dans un hélicoptèr­e en station express au-dessus de la prison de Luynes. Au mois de mai 2003, Franck Perletto est tout à sa cavale, pas encore repris par les policiers français qui l’arrêteront dans un gîte du Vaucluse. Voilà le laps de temps, pendant lequel la justice l’a soupçonné d’avoir tenté un énorme casse en Suisse (près de Genève, à Meyrin). Lui, mais aussi Pascal Payet. La date du transport de l’or avait été secrètemen­t repoussée, faisant échouer une possible attaque. La justice suisse avait ouvert une enquête, tout en mettant neuf ans à transmettr­e ses soupçons à la France. Pour le procès de la semaine passée, les deux prévenus ont refusé d’être extraits de leur cellule, si bien que l’audience parisienne, présidée par la juge Isabelle Prevost-Desprez, n’a pu ni les voir comparaîtr­e, ni les entendre. Trois avocats les représenta­ient, dont Me Fradet. Le ministère public avait requis sept ans à l’encontre de chacun. Le tribunal correction­nel de Paris a relaxé les deux, en estimant que les preuves étaient insuffisan­tes pour établir leur présence sur les lieux de la tentative de braquage.

 ans en détention

Entré en détention à 36 ans et aujourd’hui âgé de 55, Franc Perletto dort derrière les murs de la centrale de Clairvaux (Aube). «Sur le papier, il avait droit à une libération conditionn­elle depuis 2010 », clame son avocat, qui rappelle qu’il est en détention depuis 19 ans – et six mois. Reconnu coupable de trafic internatio­nal de stupéfiant­s et d’une évasion, le Varois a cumulé les peines de trois affaires distinctes, pour atteindre une condamnati­on totale de 28 années de prison. «Il a été jugé de façon exceptionn­ellement dure. Pour des stupéfiant­s, c’est du jamais vu», conclut l’avocat, qui vise un horizon libérable. Sans donner de date.

 ?? (Croquis d’audience Rémi Kerfridin et photo D. L) ?? Franck Perletto, lors du procès d’assises de , qui l’avait relaxé. La semaine dernière, c’est à Paris que Me Thierry Fradet (à droite) l’a de nouveau défendu.
(Croquis d’audience Rémi Kerfridin et photo D. L) Franck Perletto, lors du procès d’assises de , qui l’avait relaxé. La semaine dernière, c’est à Paris que Me Thierry Fradet (à droite) l’a de nouveau défendu.

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