Var-Matin (La Seyne / Sanary)

 heures, un terroriste entre dans le collège de La Navarre

L’établissem­ent a été hier matin le théâtre d’un exercice simulé d’attaque terroriste. Pour les gendarmes et le corps enseignant, les leçons sont aussi diverses que précieuses

- OLIVIER BOUISSON

Hier matin, au collège de La Navarre, il est 9 heures quand le son strident d’une corne de brume vient rompre la tranquilli­té des huit salles de classe. Suivi d’un autre quelques instants plus tard. Le signal est connu de tous. Il s’agit d’une alerte pour une intrusion dans l’établissem­ent. Rapidement, les enseignant­s déclenchen­t un ordre de confinemen­t. Les élèves bloquent la porte d’entrée avec le mobilier, tirent les rideaux quand il y en a et s’allongent au sol en prenant soin de ne pas être dans l’axe des fenêtres. Depuis leur position, certains aperçoiven­t l’ombre d’un homme. Il s’agit d’un terroriste présumé, cagoulé et armé. Quelques minutes plus tôt, celui-ci avait abattu au portail d’entrée Jean-Jacques Doyen, le directeur adjoint de l’établissem­ent, venu ouvrir à une personne qu’il croyait bienveilla­nte...

« Une minute, c’est très long... »

Depuis son bureau, la directrice Muriel Bovis avait alors alerté les secours. « J’ai dû patienter une minute avant d’avoir quelqu’un au téléphone. Dans ce contexte, une minute, c’est très long... » Une patrouille de la gendarmeri­e de La Bayorre avait alors quitté le centre-ville de La Crau pour se rendre à La Navarre. Il leur faudra un gros quart d’heure. Une éternité. Pendant ce temps-là, le terroriste tente de forcer la porte d’entrée des salles de classe. L’essentiel voeu de silence est rompu par des élèves. Erreur... La première équipe de trois gendarmes arrive enfin sur les lieux, suivie quelques instants plus tard par un Peloton de surveillan­ce et d’interventi­on de la gendarmeri­e (PSIG), une unité spéciale présente localement partout en France. Une fusillade simulée éclate entre les protagonis­tes qui jouent à cache-cache entre les arches du préau. Seul contre neuf, le contrevena­nt est finalement abattu. Les élèves peuvent reprendre le cours normal de leurs études. « C’est très bien de se prêter à cet exercice, estime Muriel Bovis. Cela nous permet de voir ce qui peut être amélioré dans notre plan de mise en sûreté, d’analyser la réaction des élèves et puis on a un rôle citoyen car les forces de l’ordre ont besoin de s’entraîner à ce type de situation. » « Cela nous permet d’améliorer nos techniques d’interventi­on », apprécie le lieutenant Martin, à la tête du PSIG. Justement, sur cet exercice, la communicat­ion perturbée par le vent et le bruit des sirènes ainsi que l’approche trop frontale de la première équipe sont à revoir. Un autre débriefing suit avec les 185 collégiens de l’établissem­ent qui ont pris place dans la spacieuse chapelle de l’institutio­n. « Certains d’entre vous ont très bien réagi, d’autres moins... », fait remarquer la directrice dans un silence de cathédrale avant d’annoncer un temps de relecture de l’exercice classe par classe.

«Siçaarrive­àla récré, on fait quoi ? »

« On a effectivem­ent entendu des cris dans une classe, abonde le Major Pierre-Louis Cometto. Je sais que c’est facile à dire, mais il faut éviter cette réaction pour ne pas attirer l’attention du terroriste. » « Mais si ça arrive quand on est à la récréation, on fait quoi ? », interroge un élève. Le gendarme reconnaît avec embarras le caractère extrême d’une telle situation. « Nous, on a bloqué la porte mais elle s’ouvre vers l’extérieur », fait remarquer cet autre élève. Le débriefing a également fait remonter que les personnes présentes dans les cuisines n’ont pas entendu l’alerte. Des petits détails mais qui peuvent sauver des vies. Muriel Bovis en a pris note, mais sait pertinemme­nt qu’elle ne pourra pas apporter des réponses rapides. L’essentiel est ailleurs : dans la prise de conscience que le risque attentat n’est pas un mirage. Et qu’il nécessite bien cette petite routine une fois par an.

 ?? (Photos Laurent Martinat) ?? Le major Cometto débriefe l’exercice avec les  élèves de l’institutio­n Saint-Joseph.
(Photos Laurent Martinat) Le major Cometto débriefe l’exercice avec les  élèves de l’institutio­n Saint-Joseph.
 ??  ?? Partie de cache-cache sous les arches du préau entre les forces de gendarmeri­e et le terroriste. Dans les classes, les élèves respectent les règles de confinemen­t, immobiles et silencieux.
Partie de cache-cache sous les arches du préau entre les forces de gendarmeri­e et le terroriste. Dans les classes, les élèves respectent les règles de confinemen­t, immobiles et silencieux.
 ??  ?? Préparatif­s de l’opération placée sous les ordres du lieutenant Martin, commandant du PSIG d’Hyères (à droite) et du major Cometto, commandant de la brigade de gendarmeri­e de La Crau (à gauche).
Préparatif­s de l’opération placée sous les ordres du lieutenant Martin, commandant du PSIG d’Hyères (à droite) et du major Cometto, commandant de la brigade de gendarmeri­e de La Crau (à gauche).
 ??  ?? Le terroriste a abattu une personne au portail d’entrée et tente de s’introduire dans les classes.
Le terroriste a abattu une personne au portail d’entrée et tente de s’introduire dans les classes.
 ??  ?? Un premier groupe de gendarmes arrive sur les lieux du drame un gros quart d’heure après l’alerte.
Un premier groupe de gendarmes arrive sur les lieux du drame un gros quart d’heure après l’alerte.

Newspapers in French

Newspapers from France