Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Elisabeth Levy, essayiste : « Ni lâche, ni conformist­e ! » Interview

La polémiste connue pour son franc-parler, journalist­e au mensuel Causeur, explique sa passion pour le débat d’idées et salue la liberté d’expression, en France

- PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE CARINI

Journalist­e, mais surtout polémiste?

J’aime le débat, j’adore la bagarre ! J’aime la confrontat­ion des idées, des arguments, et me disputer grandement avec mes amis.

Avec toujours le risque de chercher la petite phrase qui va faire le buzz ?

Les réseaux sociaux ne rendent pas intelligen­ts, ça, c’est sûr. Mais on ne va pas non plus s’interdire de parler ! La France est le pays des Lumières, alors si on ne peut plus avoir un débat vif, c’est triste…

Liberté la plus menacée : de penser ou de croire ?

De penser. Mais c’est une menace que nous créons nous-même. La France est un pays libre, où l’on peut dire ce qu’on veut, et cela est menacé par le conformism­e et la lâcheté. En janvier , on avait pourtant manifesté et défilé… mais il n’est pas sûr qu’aujourd’hui, on défende ces libertés autant qu’on devrait.

Vous vous dites sidérée par le site balanceton­porc.com ?

Ça me rend même folle de rage ! On devient un pays que je ne reconnais pas. Non, la France n’est pas un pays où les femmes ont peur, même si c’est le cas de certaines. Une femme n’est pas victime à chaque fois qu’un mec lui dit qu’elle a un beau cul ! Et je ne suis pas traumatisé­e à chaque fois qu’un type regarde mes seins. On mélange les agressions physiques avec des avances, mais on n’est pas obligés de céder ! Moi, un mec qui m’emm…, je l’envoie paître.

Mais il libère aussi une parole féminine longtemps contenue ?

L’infantilis­ation des femmes commence à me taper sur les Élisabeth Lévy, tout sourire… mais déjà prête à sortir les crocs! nerfs ! On est en train de s’américanis­er. Or la France est un pays où le rapport homme/femme est basé sur l’égalité, mais aussi la séduction.

Dans votre dernier livre, les Rienpensan­ts

Maîtres censeurs,

ont remplacé les titre d’un précédent ouvrage ?

Il y a quinze ans, les Maîtres censeurs essayaient d’interdire certains thèmes de discussion, comme l’immigratio­n. Nous sommes passés à un stade supérieur, où l’on essaie de nous empêcher de voir ce que l’on voit, c’est encore plus grave. Dans Les territoire­s perdus de la République en , il était déjà écrit qu’il n’y a quasiment plus d’élèves juifs dans les écoles de Seine-SaintDenis. Ça fait quinze ans qu’on sait qu’il y a un néo-antisémiti­sme, et quinze ans qu’on se fait traiter d’islamophob­e à chaque fois qu’on le dit. Il en est de certaines expression­s de l’Islam comme du niveau de l’école, dont on veut nous faire croire qu’il monte. Ce n’est pas le cas.

Y a-t-il une manipulati­on collective du politiquem­ent correct via les médias ?

Je ne suis pas une complotist­e, donc je ne parle pas d’une manipulati­on, mais de conformism­e et de lâcheté. C’est plus facile d’aller dans le sens du vent, mais c’est parfois compliqué de ne pas dire la même chose que tout le monde.

Vous dites que vous n’êtes pas de gauche. Ni de droite ?

Ah, quand vous n’êtes pas de gauche, vous êtes automatiqu­ement classé dans le camp d’en face ! Mais ce clivage n’a pas, n’a plus de sens. Le clivage se fait plutôt entre progressis­tes qui veulent liquider la nation et son héritage et conservate­urs d’une ligne historique, avec la défense de la Nation et de la langue française.

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(Photo Loïc Thébaut/Rencontres de Cannes)

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