Trains de nuit supprimés: la résistance sur les rails
Le collectif national « Oui aux trains de nuit » se mobilise de nouveau, ce soir, à la gare de NiceVille. Vent debout contre la suppression de ce moyen de locomotion pratique et économique
Àgrande vitesse, la vie du «train bleu» arrive à échéance. Le 9 décembre, les Intercités de nuit seront officiellement démantelés. Une décision prise par l’ancien gouvernement et annoncée à l’automne 2016. Suscitant de nombreuses réactions partout en France, y compris dans le département. Avec, en tête de wagon, le collectif national «Oui aux trains de nuit», suivi de l’association Les Amis du rail azuréen. Signataires de la pétition sur Change.org qui a récolté plus de 25000 signatures. Le 5 et 13 novembre, les contestataires ont organisé un rassemblement devant la gare Thiers. Vent debout contre la suppression de ce moyen de locomotion, reliant Nice à Paris, mais aussi à Bordeaux. En compagnie de la CGT. Aujourd’hui, ils réitèrent. Ce matin, le syndicat s’élève contre la suppression de ces trains de nuit, en plus «des 200 trains déjà supprimés par le plan de transport régional». Ce soir, les usagers prennent la relève. Bien décidés à suivre la voie de la contestation.
« Très pratique »
«C’est un moyen de transport écologique et très pratique», argumente Nicolas Forien, 23 ans. Originaire de Paris, ce responsable du collectif national défend le maintient de l’Intercités Paris-Nice qu’il a emprunté plusieurs fois: «Ça permet ne pas perdre une demi-journée dans les transports en commun. Aussi, quand on arrive à destination, le matin, on peut plus facilement prendre des correspondances.» Des horaires pratiques pour les voyageurs et plus avantageux pour les territoires. Les lignes de nuit étant des trains d’équilibre de territoire (TET) – desservant les principales villes françaises non reliées par la grande vitesse – participent au désenclavement de certaines régions. Notamment le Sud-Est de la France qui attend toujours sa ligne TGV. Celle-ci viendra, avec le projet de Ligne nouvelle Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui devrait être d’abord aménagée entre Cannes, Grasse et Nice, sur 24 km. Elle permettra le renfort des trains du quotidien, comme les TER et les Intercités, mais ouvrira aussi la voie à la grande vitesse… mais pas avant 2030. «L’avantage du train de nuit, c’est que les réseaux sont déjà existants, renchérit le jeune usager. Ça coûte beaucoup moins cher que de construire une ligne à grande vitesse.»
Trop coûteux ?
C’est justement sur le coût qu’Alain Vidalies, l’ex-secrétaire d’État chargé des Transports avait justifié la suppression de ce service: «Les trains de nuit représentent 25 % du déficit des trains d’équilibre du territoire alors qu’ils ne transportent que 3 % des voyageurs», avait-il affirmé en février 2016. Sur ce point, le collectif d’usagers tient à faire les comptes. «On nous dit que les trains de nuit coûtent cher, évoque Nicolas Forien. Mais si c’est déficitaire, c’est en partie à cause de la mauvaise qualité de service. La SNCF ne fait jamais de promotion dessus. Tout est donné aux TGV. Et si les usagers empruntent moins ces lignes, c’est parce que les Intercités de nuit sont souvent en retard ou annulés, à cause de l’âge des locomotives.» À ce sujet, la SNCF Paca n’a pas voulu communiquer, étant donné que la décision de révoquer les trains de nuit ne lui appartient pas.
Une page se tourne
Au-delà de la grogne, la nostalgie. Germain Nallino est président des Amis du rail azuréen depuis 1989. Pour lui, le «Train bleu» a une «ambiance particulière»: « C’est assez précaire, mais ça fait le boulot. Avec six couchettes par pièce, on rentre vraiment dans la proximité des gens. Ça permet de créer du lien, tout en créant un vrai sentiment de voyage. Il y a un côté à l’ancienne auquel les gens sont attachés.» Auprès des jeunes ou des aînés, voyager la nuit fait encore un peu rêver.