Moustapha, ans, licencié à Nice «pour un sandwich à euros»
Moustapha Debza, a 42 ans. Il est travailleur handicapé. Du moins il l’était, jusqu’à ce que son employeur décide de le licencier. Lui qui, «durant près de dix ans », a travaillé au Mc Donald’s de Nice-TNL, sans qu’on n’ait «jamais rien eu à [lui] reprocher », explique avoir été « viré pour un sandwich à 2 euros ». La direction locale de ce restaurant franchisé depuis près d’un an confirme «le licenciement de cet employé» sans toutefois souhaiter en «commenter la justification» (1). La notification de la décision de son employeur que Moustapha a reçue ce mercredi par lettre recommandée – et que nous avons pu consulter – est toutefois explicite. L’employé de Mc Do n’aurait pas «respecté les procédures repas en vigueur». Il aurait en outre «menti à son supérieur» pour tenter de dissimuler « un vol de produits». En l’occurrence un egg-cheese et un gobelet d’Ice Tea. Ce que conteste catégoriquement Moustapha.
«Perturbé ce jour-là»
Les faits remontent au 9 novembre dernier. Ce jour-là, Moustapha s’apprête à prendre son service. «Il était aux alentours de 10h10. Je m’étais déjà mis en tenue.» L’employé ne doit prendre ses fonctions que 20 minutes plus tard. Il décide donc d’en profiter pour combler un petit creux. «C’est vrai que je n’ai pas respecté la procédure, reconnaît-il. Théoriquement, j’aurais dû passer de l’autre côté du comptoir pour passer ma commande. Mais, j’étais perturbé ce jour-là. Ma mère avait été hospitalisée le matin même», se justifie ce travailleur handicapé. Toujours est-il qu’il aurait demandé à sa collègue de lui encaisser un egg-cheese. Prix public 2,30 €. «Mais on a droit à une réduction de 30 % en tant qu’employé », explique Moustapha qui concède s’être servi directement mais assure avoir « posé une pièce de 2 euros à côté de la caisse». «Comme la salle de repos était occupée, je suis allé dans les vestiaires pour manger mon sandwich », poursuit Moustapha. C’est alors que le directeur du restaurant aurait fait irruption: «Il m’a dit: “c’est quoi ça”?» Le manager pointe du doigt un gobelet posé à même le sol sous la chaise où est assis son employé. «Je ne l’avais même pas vu», assure ce dernier. «Je lui ai dit que ce n’était pas à moi. Il m’a répondu “et le sandwich?” Je lui ai dit de bonne foi que je venais de l’acheter, qu’on pouvait vérifier», assure Moustapha.
Une transaction jamais enregistrée
Le problème c’est que la transaction n’a jamais été enregistrée. «Ma collègue m’a dit qu’elle n’avait tout simplement pas entendu ce que je lui avais dit», rapporte Moustapha. Quant à la pièce de 2 euros, elle aurait «glissé sous la caisse». «Ils l’ont retrouvée après, assure l’ex-employé de Mc Do, mais c’était trop tard.» Il avait été mis à pied sur le champ par son directeur. Son licenciement pour faute grave vient donc d’être confirmé. Moustapha Debza entend bien le contester devant les prud’hommes. Il en fait une question de principe : « Après presque dix ans de travail dans ce restaurant, je ne peux pas accepter de me laisser traiter ainsi de voleur pour un sandwich à 2 euros!»
«Un prétexte»
«Franchement ça fait mal», répète l’ex-employé qui a «l’impression de se retrouver dans la peau de ce gars qui avait été viré de chez Leclerc pour avoir mangé une banane.» C’était l’année dernière en Dordogne. Lui aussi, on l’avait accusé de «vol». L’enseigne en avait d’ailleurs fait «une question de principe». Mais du point de vue de Moustapha, cela ressemble plus «à un prétexte». Il n’hésite pas à faire le lien avec les récents changements de mode de gestion de l’établissement : «Depuis qu’ils sont franchisés, ils essayent de se débarrasser des anciens comme moi parce qu’ils trouvent qu’on a trop d’avantages par rapport aux nouveaux contrats.» Il semblerait en tout cas que d’autres contentieux soient en attente d’examen devant le tribunal des prud’hommes. 1- Contactés, le directeur de ce restaurant tout comme sonsuperviseurn’ontpassouhaitéfairedecommentaire.