Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les Corses appelés aux urnes pour élire une collectivi­té unique inédite

Les électeurs corses votent dimanche pour désigner les membres de la Collectivi­té territoria­le unique, qui naîtra de la fusion des deux départemen­ts actuels et de l’ancienne collectivi­té territoria­le

-

Un scrutin crucial sur l’autonomie de l’île de Beauté. Les électeurs corses votent dimanche pour désigner les membres d’une instance inédite, la Collectivi­té territoria­le unique (CTU), qui naîtra de la fusion des deux départemen­ts actuels et de l’ancienne collectivi­té territoria­le (région). Le second tour de ces élections aura lieu le 10 décembre. Sept listes sont en lice, 63 sièges sont à pourvoir.

« Nous avons élargi notre électorat »

Les précédente­s élections territoria­les, en décembre 2015, avaient débouché sur la victoire historique de la coalition nationalis­te des autonomist­es et des indépendan­tistes menée par Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni (35,34 % au second tour). Cette coalition, formée dès le premier tour cette année, apparaît à nouveau bien placée pour l’emporter dans les urnes. «Depuis deux ans, nous avons élargi notre électorat au-delà de la famille nationalis­te, comme l’a montré l’élection de trois députés de notre mouvement » sur les quatre que compte l’île, analyse Gilles Simeoni, président sortant du conseil exécutif de Corse. L’accord de mandature établi par les candidats nationalis­tes, qui écarte l’indépendan­ce mais vise l’obtention d’un véritable statut d’autonomie dans les dix ans, a pu rassurer l’électorat. La victoire serait d’autant plus belle, rappellent les nationalis­tes, qu’ils réclament depuis longtemps la « collectivi­té territoria­le unie » comme la surnomme JeanGuy Talamoni. Pour le chercheur Thierry Dominici, sociologue spécialist­e de la Corse à l’Université de Bordeaux, la liste nationalis­te de Pé a Corsica (Pour la Corse) devrait toutefois se méfier d’un « effet Balladur ». « Ils sont tellement sûrs de gagner qu’ils font à peine campagne. Ils sont déjà sur une logique de second tour », dit-il.

Le spectre de l’indépendan­ce

« Le grand perdant, c’est Corsica Libera [le parti indépendan­tiste de Jean-Guy Talamoni, ndlr] qui a été obligé de modérer son discours pour pouvoir gouverner dans la majorité, ce qui ouvre tout un espace à Rinnovu » , estime Paul-Félix Benedetti. U Rinnovu conduit l’autre liste nationalis­te de ce scrutin qui, elle, ne cache pas son désir d’indépendan­ce et revendique « un fort axe social », selon son leader Paul-Félix Benedetti. Crédité de moins de 3 % des suffrages en 2015, le petit parti espère cette fois rassembler les déçus de Pé a Corsica, et notamment la jeunesse militante, pour dépasser les 5 % et ainsi pouvoir être agrégés à une autre liste au second tour. Les cinq autres têtes de liste ont agité le spectre de l’indépendan­ce avec l’exemple catalan pour se démarquer des deux listes nationalis­tes. Mais au cours de cette courte campagne, chacun a fait valoir son régionalis­me.

 ?? (Photo EPA/MaxPPP) ?? Pour le chercheur Thierry Dominici, sociologue spécialist­e de la Corse à l’Université de Bordeaux, la liste nationalis­te de Pé a Corsica (Pour la Corse) devrait toutefois se méfier d’un « effet Balladur ».
(Photo EPA/MaxPPP) Pour le chercheur Thierry Dominici, sociologue spécialist­e de la Corse à l’Université de Bordeaux, la liste nationalis­te de Pé a Corsica (Pour la Corse) devrait toutefois se méfier d’un « effet Balladur ».

Newspapers in French

Newspapers from France