«Ce match va peser... »
En retard sur ses projections initiales, Fabien Galthié sait qu’il n’aura plus vraiment de droit à l’erreur demain face à Lyon. Pour autant, il ne semble pas submergé par la pression
Dire comme Fabien Galthié que «ce match face à Lyon va peser » est un doux euphémisme. Mais c’est aussi une façon de prendre un peu de recul face à la situation, et notamment la pression présidentielle illustrée par un beaucoup plus abrupt « ça passe ou ça casse ». En ce samedi 2 décembre, le RCT va effectivement jouer une rencontre déterminante pour son avenir immédiat, tant au niveau du Top 14 que de la Champions cup. Comment imaginer en effet battre Bath en suivant, dans une double confrontation décisive les week-ends des 9 et 16 décembre, en restant sur 4 défaites consécutives dont deux à la maison, ce qui serait le triste bilan du RCT en cas d’échec samedi ? Sans évoquer l’état d’urgence dans lequel tous les observateurs soi-disant neutres aimeraient effectivement voir le RCT, il y a quand même un match à gagner pour éviter de leur donner raison, et plus simplement pour repartir de l’avant... Ainsi, décembre, plutôt que de sonner le glas des espoirs varois, pourrait enfin marquer le vrai départ de leur saison. Après 4 mois de travail « emboucanés » par quelques blessures notoires et les absences à répétition d’un tiers de l’effectif, dans l’intérêt supérieur du rugby français et d’ailleurs, le RCT va enfin pouvoir jouer et défendre ses chances avec l’essentiel de ses forces. Fabien Galthié aurait bien sûr aimé aller plus vite et éviter de se retrouver, au pied du mur, dès le mois de décembre : « On craignait ce mois de novembre et on espérait mieux. Au lieu de monter en puissance, on s’est retrouvé fragilisé. Maintenant, il faut essayer de reconstruire vite une équipe compétitive. On ressent une forme de pression liée à la déception des résultats et puis à l’attente, ce qui est normal... »
La pression ? Fabien Galthié connaît. Quand il se retourne sur sa carrière, de joueur puis d’entraîneur, il ne retrouve pas souvenir d’une saison de détente : «Même à Colomiers, j’avais déjà la pression...» se remémoret-il, presque fataliste. Pas question donc d’éluder le sujet. Fabien l’a intégré depuis longtemps dans son quotidien, même s’il convient volontiers qu’elle peut-être très forte à Toulon : «Effectivement, iI faut gagner contre Lyon, mais c’est le propre de l’ambition sportive et de la compétition » rappelle-t-il avant de préciser : « Ici, c’est très fort quand ça marche bien, et c’est très fort aussi quand ça
ne marche pas bien. On sent qu’il y a une exigence particulière qui pousse à se sublimer et qui peut, dans les moments difficiles, où tu es fragile, te mettre un peu plus de pression. Et les joueurs se la mettent déjà assez... » Comment dès lors ne pas se laisser déborder ? Galthié explique : « Il faut trouver le bon équilibre. Il ne faut pas qu’il y ait une pression à réaction. Je pense qu’il y a une exigence à avoir au quotidien, qui fait qu’on tient un cap malgré les aléas et les fragilités chroniques... » Voilà pourquoi le directeur sportif affiche une relative sérénité, là ou certains se rendraient déjà fou. Le bonhomme a des certitudes et quelques principes inamovibles : pas question de rester crispé sur de simples aléas, pas question non plus de cibler tel ou tel joueur,
voire un secteur de jeu particulier, ce qui ne pourrait qu’affaiblir le collectif. Dans les moments difficiles, il ne faut surtout pas en rajouter : « Même s’il y a des compétences différentes selon les secteurs de jeu, on juge la performance d’une équipe de manière globale. Il faut éviter de pointer du doigt des déficiences par zone, sinon ce n’est plus une équipe... » précise le coach, un peu déçu par la tournure des événements, mais surtout pas abattu: «Je pensais aller plus vite, moi aussi... Mais en novembre, des joueurs sont partis, d’autres sont arrivés. Certains n’ont encore jamais évolué ensemble. On a ‘‘managé’’ en permanence une
équipe éclatée. C’est une problématique particulière. J’ai l’impression qu’on est toujours en train de recommencer. Je pensais qu’on allait améliorer notre niveau de performance mais finalement, c’est long... » recon- naît-il. Paradoxalement, Fa- bien Galthié se retrouve aujourd’hui davantage dans la peau d’un sélectionneur au RCT que d’un véritable entraîneur. Mais de cela aussi, il veut faire abstraction pour mieux se concentrer sur l’objectif. Il sera toujours temps de crier au loup et au feu plus tard, si d’aventure, il ne parvenait pas à redresser la situation. On n’en est pas encore là. Heureusement...
‘‘ On craignait ce mois de novembre” ‘‘ Je pensais aller plus vite”