Collision entre bateaux à Menton : relaxe pour le moniteur de wakeboard
Le baptême de wakeboard (une planche de ski nautique), en août 2013 au large de Menton, avait viré au drame. Le bateau qui tractait une enfant de 10 ans avait percuté un yacht. Les passagers du wakeboard avaient été blessés. Il a fallu attendre quatre ans pour que Karim, 47 ans, le pilote du wakeboard, comparaisse devant un tribunal correctionnel pour blessures involontaires. Et il a finalement été relaxé sur le plan pénal par les juges alors que le parquet avait requis un an de prison avec sursis. En revanche, il a été déclaré civilement responsable en sa qualité de gardien du bateau. Une autre audience pour chiffrer le préjudice se tiendra en 2018. D’ici là, Delphine, la victime la plus atteinte dans l’accident, devra se contenter d’une provision de 10 000 euros, elle qui n’avait pas touché le moindre centime. Le parcours judiciaire des victimes pour être indemnisées est encore loin d’être terminé… Karim a-t-il commis une imprudence ? Naviguait-il trop vite ? A-t-il refusé la priorité au yacht italien qui arrivait à tribord ? Avait-il le diplôme requis pour organiser des baptêmes de wakeboard ?
Paralysie faciale
Me Valérie Serra, conseil de Delphine, forte de plusieurs expertises, soutient que Karim a cumulé les infractions. Elle réclame 190 000 € de préjudice. Au moment de la collision, la tête de Delphine a heurté le bastingage. Elle a dû être plongée dans un coma artificiel. Longtemps paralysée, «sa vie a été mise entre parenthèses pendant deux ans », souligne son conseil. Directrice d’agence bancaire à Monaco, elle n’a pu conserver son poste. « Je n’ai pas de souvenir de l’accident, explique-telle. C’était une belle journée. Je me souviens de mon passage en wakeboard. Une jeune fille a pris le relais. Ensuite je ne me souviens de rien. Je me réveille à l’hôpital avec une paralysie faciale, ne sachant pas ce qui m’arrive. » La sécurité sociale monégasque, via le cabinet Cottray-Lanfranchi, demande une provision pour les soins et les compensations salariales de 70 000 euros.
Bénévole ou pas ?
Le procureur Anne Dagain, estimant que le prévenu n’avait pas le brevet requis, demande une sanction d’un an de prison avec sursis. Un expert avait évalué la vitesse du wakeboard à 20 noeuds (37 km/h) au moment de l’impact. En défense, Me Candice Solean plaide la relaxe : « Comment prétendre que mon client naviguait trop vite alors qu’il tractait une enfant de 10 ans? », s’étonne l’avocat. Le GPS étant éteint sur le yacht, difficile de connaître sa trajectoire exacte. Karim et son conseil estiment qu’il a par deux fois changé de cap pour aller faire le plein à Garavan. Quant à l’absence de brevet d’État, Me Solean conteste le caractère obligatoire du diplôme. « La Fédération de ski nautique précise que cet arrêté ne s’applique pas dans ce cas puisque l’activité de Karim était bénévole via son association. » Un bénévolat que la présidente Anne Vincent avait quelque peu mis en doute en instruisant le dossier puisque le public payait pour s’adonner à ce sport nautique en vogue. Le parquet a dix jours pour faire appel.