Résistances
Une jeune chercheuse niçoise est récompensée pour ses recherches sur la résistance des mélanomes métastasés aux traitements ciblés
Elle est jeune, elle est jolie, elle est brillante. Rania Ben Jouira a réalisé au cours de sa thèse de sciences – qu’elle présentera dans quelques semaines – des recherches qui pourraient à terme contribuer à améliorer le traitement du cancer de la peau le plus redoutable : le mélanome cutané métastatique (lire cicontre). « Plus de la moitié des patients répond aux thérapies ciblées lorsqu’elles sont instaurées. En revanche, la majorité développe des résistances après quelques mois de traitements », explique la jeune chercheuse. Encadrée par Marcel Deckert, directeur de recherche au Centre méditerranéen de médecine moléculaire (C3M, Inserm, Université Côte d’Azur), Rania Ben Jouira a entamé des recherches pour décrypter les mécanismes cellulaires et moléculaires à l’origine de ces résistances. En s’intéressant particulièrement à ce que l’on nomme le microenvironnement tumoral, terreau très fertile pour les cellules cancéreuses. «La matrice extracellulaire (MEC) est un des acteurs clés de ce microenvironnement ; il s’agit d’un réseau de protéines extracellulaires qui peut être fabriqué par la cellule tumorale ». Pour échapper au traitement destiné à l’éliminer, la cellule cancéreuse édifie en quelque sorte une forteresse autour d’elle. Mais elle ne va pas s’arrêter là.
Processus machiavélique
« Les tumeurs de mélanome sont très hétérogènes ; la résistance acquise par quelques cellules tumorales peut être “transmise” aux cellules voisines via la MEC. » Jusque-là sensibles aux traitements ciblés, celles-ci vont, à leur tour, « se barricader ». Mais comment tout cela est-il possible Coloris bracelet au choix : bleu/noir, rose/noir, noir/gris ou blanc/gris. Coloris pendentif au choix : bleu, rouge ou noir. Tailles bracelet au choix : M (18 cm) ou L (19,5 cm). Tour de cou du pendentif réglable. ? « Habituellement, la MEC est fabriquée par un type de cellules non cancéreuses, appelées fibroblastes. Une certaine population de mélanome résistante à la thérapie ciblée n’a plus besoin de ces cellules ; elle fabrique elle-même “son” propre réseau matriciel abondant, rigide et favorable à la progression tumorale. En adhérant à cette matrice, les cellules voisines des cellules résistantes vont recevoir des signaux qui vont renforcer leur résistance à la thérapie. » Un processus machiavélique auquel les travaux de Rania pourraient contribuer à mettre Plus de nouveaux cas de mélanomes sont recensés, chaque année, en France. Au stade local, la maladie se guérit bien. Mais lorsque ce cancer devient métastatique, le pronostic s’assombrit (avec % de survie à ans). Si les thérapies ciblées apportent une amélioration à court terme, le traitement se heurte à des résistances et des rechutes.
un terme. « Il s’agit désormais de voir comment on peut empêcher l’émergence de cette forme de résistance, en ciblant certains éléments de la MEC ou l’interaction mélanome-MEC. » La qualité de ses recherches et les espoirs thérapeutiques qu’elles portent ont valu à la jeune chercheuse niçoise d’obtenir, il y a une semaine, le prix Hélène Starck décerné par la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer. 1. Au sein de l’équipe « Microenvironnement, Signalisation et Cancer »