Bouger pour ne plus s’essouffler Soins
L’activité physique et l’arrêt du tabac constituent l’essentiel du traitement de la BPCO (Broncho-pneumopathie chronique obstructive), une maladie encore largement sous-diagnostiquée
BPCO, 4 lettres pour un « tueur silencieux ». C’est ainsi que l’on surnomme parfois la Broncho pneumopathie chronique obstructive. Cette maladie pulmonaire chronique évolue lentement mais sûrement. Comme son nom l’indique, elle se caractérise par une obstruction chronique des voies aériennes. « Elle concerne 6 à 8 % de la population soit 2,5 à 3 millions de personnes, mais reste largement sous-diagnostiquée », regrette le Dr Mireille Padovani, pneumologue à La Seynesur-Mer et secrétaire de l’association BPCO (1). La raison en est effarante : «elle est méconnue du grand public… mais aussi du corps médical. D’où le travail que mènent les pneumologues pour alerter sur la gravité potentielle de la pathologie. » Car la BPCO est souvent diagnostiquée… trop tard, « lorsqu’elle a atteint le stade 3 [sur 4 niveaux, Ndlr]. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de symptômes au démarrage. On peut vivre pendant 10… 20 ans avec une BPCO sans souci. Mais les patients entrent dans la maladie à l’occasion d’une surinfection», constate le Dr Padovani. La cause de ce mal est évidente : la cigarette. « Le tabagisme est responsable de 85 % des cas de BPCO », pointe la pneumologue.
Les femmes plus lourdement handicapées
Vous fumez? Vous présentez un trouble ventilatoire, vous êtes régulièrement essoufflé ? Vous faites peu de sport? Et vous avez des antécédents? Mieux vaut en parler à votre médecin. « Une mesure du souffle permet de dépister efficacement une BPCO. Sans cette évaluation fonctionnelle, il ne sera pas possible de diagnostiquer. » Et la première prise en charge est… l’arrêt du tabac. « Cela va stopper la progression de la maladie, assure le Dr Padovani. Les lésions inflammatoires sont d’autant plus sévères que le patient a commencé à fumer tôt. Il faut donc mener des actions de prévention auprès des jeunes, en plus des campagnes pour l’arrêt du tabac. La prise en charge thérapeutique permettra quant à elle d’améliorer le handicap respiratoire. » En plus de l’effort que représente le fait d’abandonner la cigarette, il faut en fournir un autre, sûrement moins contraignant : l’activité physique. « On ne demande pas aux patients de s’inscrire dans une salle de sport du jour au lendemain. Mais il faut impérativement qu’ils bougent. Ca veut dire marcher, monter les escaliers, en résumé rester actif dans la vie quotidienne pour améliorer l’aptitude musculaire. L’activité, c’est 50 % du traitement. » Hommes et femmes sont égaux face à la maladie ? Pas vraiment. À consommation égale de tabac, ces dames, qui représentent 40 % des patients, sont plus lourdement handicapées : leur fonction respiratoire décline plus rapidement. Face à un essoufflement qui ne passe pas, il est essentiel de consulter un médecin qui poussera plus loin les investigations. Car plus tôt la BPCO est prise en charge, plus grandes sont les chances de stopper sa progression. Seulement, il faut être conscient que cela demandera des efforts, arrêter net le tabac et bouger davantage, pour se donner toutes les chances de maintenir