L’HISTOIRE
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Les regards sont tellement intenses que les statues semblent vivantes ». Françoise de Tarnowsky, niçoise âgée de 90 ans, évoque son père avec un mélange d’émotions et d’admiration. Les oeuvres de Michel Tarnowsky sont disséminées partout dans la capitale azuréenne et dans le monde entier. Le sculpteur, portraitiste et poète, est né à Nice le 20 avril 1870. Son père, Wasilievitch Tarnowsky, est un médecin russe en exil et sa mère, Juliana Oakley, est une artiste peintre américaine. Michel de Tarnowsky est l’aîné de leurs cinq enfants. La grande famille s’installe à Nice et passe l’été dans le village de Guillaumes, situé dans la vallée de Daluis, au Nord de Nice. Les Tarnowsky louent la propriété de Joseph Durandy, ingénieur et homme politique. Le père de Michel Tarnowsky décède en 1886 et sa mère doit élever seule sa progéniture. Les journées à Guillaumes sont pleines d’allégresse et de randonnées en montagne. Lors de l’une d’entre elles, le jeune sculpteur ramène une corne de mouflon. Il ne le sait pas encore mais cet objet ne quittera pas son atelier et l’inspirera comme signature stylisée.
Expositions de Nice à New York
Dans un premier temps, il projette de devenir médecin mais une fièvre typhoïde compromet son dessein. Dès lors, il se tourne pleinement vers son autre passion, l’art, malgré les avertissements de sa mère qui connaît les difficultés de ce monde particulier. Il s’inscrit à l’École des Arts Décoratifs à Nice où il excelle en réalisant 26 bustes ou médaillons en plâtre, marbre et bronze en trois mois. En 1891, il se rend à Paris pour y découvrir le «coeur de l’univers pensant vers lequel doit tôt ou tard affluer toute âme avide de vivre et de produire.» Ses mentors sont Jules Dalou et Alexandre Falguière, deux sculpteurs de renom. Il expose régulièrement dans les Salons parisiens mais également à Amiens, Nice, Londres ou encore New York. Il s’exile un temps dans cette dernière ville, entre 1902 et 1908, où il enseigne son art. Il obtient plusieurs récompenses et il est primé à l’exposition universelle de Paris en 1900. Michel de Tarnowsky travaille beaucoup à Nice. Il s’occupe de la décoration des frontons de l’Hôtel Negresco, de la Préfecture, de la chambre de commerce, le monument aux morts de Cimiez ou encore celui du poète et homme politique Paul Déroulède au jardin Alsace-Lorraine. Il a également beaucoup voyagé. Ses oeuvres sont dispersées aux quatre coins de la France et à l’étranger : à Londres et Bavington en Angleterre, au Madison Square Park à New York, au Petit-Palais à Paris, au château de Malmaison en Île-de-France où résidait Napoléon Ier, à la maison natale de Foch à Tarbes ou encore au musée municipal de BoulogneBillancourt. Aujourd’hui, ses sculptures sont également visibles au musée des Beaux-Arts de Nice parmi lesquelles Les deux Amis ou la Surprise. Au Centre Universitaire Méditerranéen, il est possible d’y admirer de magnifiques bas-reliefs en bronze du philosophe Nietzsche ou du neurologue Brown Sequard.
Oeuvres détruites pendant la Seconde Guerre mondiale
Certaines de ses oeuvres ont disparu. Au Pont Charles-Albert, au Nord de Nice, une statue en bronze montrant Alexandre Durandy est détruite par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces derniers n’hésitent pas à fondre le bronze pour le réutiliser dans l’armement. La statue dédiée à l’écrivain niçois Joseph-Rosalinde Rancher, dans le VieuxNice, a subi le même sort. D’autres sculptures sont supprimées comme le groupe d’angelots au sommet du Negresco et les statues à son entrée. Les niches qui les abritaient sont désormais vides. En 1939, à la suite d’un arrêt vasculaire cérébral, le sculpteur perd la vue. Il meurt à Nice en mai 1946. Françoise de Tarnowsky, a fondé une association « Les Amis de Michel de Tarnowsky » afin de préserver et valoriser l’oeuvre d’un père «exceptionnel et passionné. » Plus d’informations : http://www.micheldetarnowsky.org