Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Pourrières-Brignoles:  km... en  heures

Voitures englouties sous la poudreuse, balai des chasse-neige... Avec des « pointes » de vitesse à 10 km/h, récit d’un trajet quotidien pas comme les autres

- E. C.

Huit heures du matin, en ce samedi 2 décembre, à Pourrières. C’est boots aux pieds et bien emmitouflé qu’il faut entreprend­re de dégager la voiture, ensevelie sous 15 cm de poudreuse. Belle surprise en ouvrant le portail, l’allée a été salée et permet de se frayer un chemin jusqu’au village. Arrivé sur la RN 7, une fraîche couche de 5 cm recouvre la chaussée. Changement de décors, mais heureuseme­nt pas de voitures dedans! À l’échangeur de l’autoroute A8, les premiers naufragés rencontrés ne sont autres que les routiers (lire page précédente). Des poids lourds déroutés sur cet itinéraire bis qui leur est, lui aussi fermé, faute de voie d’accès dégagée…

Certains se décident à monter les chaînes

Pas la peine de s’y engouffrer, je poursuis sur ma lancée. Pourquoi diable ne pas avoir chaussé les pneus neige à l’approche de l’hiver ! Sur ce terrain glissant, mes origines nordiques sont toutefois un précieux élément. « Démarrer en seconde, toujours rouler en sous-régime, pas de mouvement brusque… Et surtout, faire abstractio­n du fossé vers lequel on glisse irrémédiab­lement pour conserver sa trajectoir­e… » Facile à dire ! Au rond-point de Pourcieux, un chasseneig­e du conseil départemen­tal s’affaire à dégager la voie d’en face. Mieux vaut attendre qu’il achève son travail dans l’autre sens pour s’engager derrière lui. Avant la descente vers SaintMaxim­in, certains se décident à monter les chaînes. Ca avance à 10 à l’heure, mais jusque-là, tout baigne… Un petit café plus loin, direction Brignoles, où, dit-on sur radio trafic, la neige est tombée en abondance. Sortie Est de Saint-Maximin, la Nationale 7 n’est plus qu’une piste de ski de fond. Seule la signalétiq­ue routière diffère du balisage des Alpages. Ca tombe encore à gros flocons, mais ça roule toujours, tant bien que mal. C’est à Tourves que les choses se gâtent. Un semi-remorque en travers de la chaussée, n’arrive plus à redémarrer. La route est rapidement congestion­née. On pousse pour repartir dans l’autre sens, ou on prend son mal en patience. Comme cette équipe de boulistes venue de Gap (Alpes-de-HauteProve­nce) pour tâter du cochonnet à Monaco. Eux ont beau être équipés, ils sont loin d’être arrivés.

À  h , le thermomètr­e affiche , °C

Bernard, un touriste francilien en villégiatu­re au Thoronet, a lui été obligé de quitter l’autoroute A8 pour regagner le nord. Peine perdue, il a finalement préféré différer son départ au lendemain… Le camion en question, parti d’une centrale logistique du Luc le matin même, est bloqué là depuis 8 h 30. Il occupe une grande partie de la route, obligeant à la mise en place par les gendarmes d’une circulatio­n alternée. Le balai des chasse-neige et saleuses s’enchaîne, pour parvenir finalement à viabiliser une voie de circulatio­n. Et remettre en mouvement les files de véhicules qui, de part et d’autre de la chaussée, s’allongent désormais sur plusieurs centaines de mètres. Il est 11 h et c’est enfin reparti. Le thermomètr­e affiche 1,5°. À mesure que les kilomètres passent, la RN7 se dégage. La neige n’est maintenant plus qu’un amas de boue brunâtre. J’aurais quand même mis trois heures pour aller au boulot !

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(Photo E. C.) Sur la route, ça tombe à gros flocons, mais ça roule toujours, tant bien que mal.
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Les premiers naufragés ne sont autres que les routiers.

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