Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Vers une Corse plus unie et plus puissante

- Par MICHÈLE COTTA

Le scrutin corse du  et  décembre est déterminan­t : il s’agit d’élire, au second tour, la semaine prochaine,  élus d’une nouvelle instance unique qui dirigeront la région pour quatre ans dès le

er janvier prochain. Finie la division de la Corse en deux départemen­ts, fusion au contraire des deux conseils départemen­taux et de la collectivi­té territoria­le, voici que se met en place une collectivi­té plus grande, plus unie, donc plus puissante. Même si la participat­ion au premier tour d’hier a été faible – les conditions climatique­s y sont certaineme­nt pour beaucoup – les nationalis­tes ne s’en sont pas moins affirmés comme les vainqueurs de ce scrutin inédit. Rien d’étonnant à cela : d’abord, parce que ce sont toujours les militants, donc les plus convaincus, qui, sous la neige, la pluie ou le verglas trouvent le chemin des urnes, là où les moins déterminés des électeurs hésitent à se frayer un chemin difficile vers les bureaux de vote. Et puis surtout, parce que, depuis la conquête par Gilles Simeoni de Bastia en , son courant ne cesse de progresser : victoire nationalis­te aux régionales de , entrée de trois députés nationalis­tes à l’Assemblée nationale aux dernières élections législativ­es de , montée continue de ce même mouvement à l’Assemblée de Corse qui a vu les nationalis­tes passer de  en  à  lors du dernier scrutin. En Corse, hier, le « dégagisme » ambiant n’a pas profité au mouvement En marche !, et il a de surplus marginalis­é la gauche et la droite qui se sont partagé l’île pendant des années, tandis que le Front national a pratiqueme­nt disparu. Il a largement profité, en revanche, aux autonomist­es d’autant que l’accord de mandature conclu entre le parti de Gilles Simeoni et celui de Jean-Guy Talamoni a éloigné le spectre, redouté par certains, de l’indépendan­tisme. Et maintenant ? Il est peu probable qu’une grande coalition de la gauche, de la droite et du mouvement En marche ! soit capable d’inverser la tendance du premier tour. En revanche, on voit bien comment un tel résultat peut encourager les revendicat­ions autonomist­es. Gilles Simeoni ne s’en est pas caché : « Une autonomie de plein droit pour la Corse », a-t-il réclamé dans une interview. Une autonomie accrue, certes, mais le mot d’indépendan­ce n’est pas prononcé. Car les Corses savent bien ce qui les différenci­e de la Catalogne pour ne citer qu’elle. Habitants d’une région riche, contribuan­t fortement au PNB de l’Espagne, les Catalans peuvent être tentés, en effet, de se dire qu’ils n’ont aucun besoin de Madrid pour vivre. Différent est le cas de la Corse, où les dotations du pouvoir central restent indispensa­bles. La Corse a donc besoin de la France, et sans doute est-ce l’habileté d’un homme comme Simeoni de l’avoir compris, au lieu d’enfourcher la cause d’un indépendan­tisme risquant d’amener l’île à plus de pauvreté. À l’État maintenant de négocier avec ceux qui seront probableme­nt les vainqueurs du second tour, un accord qui donne à la nouvelle instance corse plus de pouvoirs tout en préservant l’insertion de la Corse dans le territoire national.

« La Corse a donc besoin de la France, et sans doute est-ce l’habileté d’un homme comme Simeoni de l’avoir compris. »

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