Nice : Fornasari et Lambin en habitués des cours d’assises
Dans le box de la cour d’assises des AlpesMaritimes, des policiers lourdement armés veillent sur les deux accusés classés, dans le jargon pénitentiaire, « DPS ». Autrement dit: détenus particulièrement surveillés. Michel Lambin, 67 ans, et Émile Fornasari, 57 ans, comparaissent depuis lundi pour l’assassinat, le 5 février 2002, de Robert Ludi, 33 ans, un gardien d’école d’Antibes, abattu de deux balles de 11.43. Michel Lambin, aujourd’hui paralysé par une sciatique et des séquelles neurologiques irréversibles, n’est plus que l’ombre du malfaiteur redouté qu’il fut. Il est cité dans une dizaine d’affaires criminelles, présenté par la police judiciaire comme l’exécutant des basses oeuvres du grand banditisme. Émile Fornasari, lui, s’est taillé une solide réputation de braqueur professionnel. Il a déjà passé vingt-huit ans de sa vie en détention. Il est libérable en 2034. Il comparaît pour la sixième fois de sa vie aux assises.
Passionné d’anthropologie
Les points communs sont nombreux entre les deux accusés, plutôt méfiants et critiques envers les psychiatres qui ont tenté de les examiner. « Je me suis accroché tout de suite avec l’expert,
reconnaît Michel Lambin, au sujet du Dr Giordano. Je lui ai dit: “Vous voulez savoir si je mange de la chair humaine?” J’ai abrégé le
débat. » Le psychiatre avait eu le tort de relever une contradiction dans les propos de Michel Lambin au sujet d’os carbonisés retrouvés dans sa propriété à Caussols. Peut-être ceux de Jean-Félix Lecca, un Corse dont on a perdu la
trace après une évasion avec Émile Fornasari. Un expert avait évoqué au sujet de Fornasari un délire mystique. Avis que ne partage pas un autre médecin :
« C’est plutôt un idéaliste passionné par les civilisations disparues, le dieu Ganesh
[divinité hindoue, Ndlr],
l’anthropologie...» Émile Fornasari ne manque pas de préciser en ce mardi matin qu’il prépare un livre de géographie pour enfants. Lui qui, comme Lambin, a quitté les bancs de l’école dès 14 ans pour très vite essuyer ceux des cellules de garde à vue.
Un diplôme d’arbitre de football
À une question de l’avocat général, Marie Nina Vali, sur les diplômes obtenus en prison, Lambin rappelle volontiers qu’il a réussi celui d’arbitre de football : « Dans toutes les prisons où je suis passé, je m’occupais de la
salle de sport. » Les deux hommes sont chacun issus de familles nombreuses et prétendent avoir eu une enfance heureuse. Lambin est l’aîné d’une fratrie de huit, originaire de la région parisienne. Fornasari, natif de Cannes, est le septième de neuf enfants. Ils ne souffrent d’aucune maladie mentale, sont même considérés comme des détenus respectueux. « Des
agneaux » accusés d’avoir participé à l’assassinat d’un homme, uniquement parce qu’il avait eu l’outrecuidance de recueillir l’ex-compagne d’Émile Fornasari, malade de jalousie. Les deux accusés ont toujours nié avoir participé à cette exécution en règle. Mais lors de précédents procès, ils ont su parfois ménager leurs coups de théâtre.