Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Néoules: ivre, il menace le patron d’un bar avec un fusil

L’artisan de 38 ans, au bout d’une dizaine de pastis, était tombé de sa chaise avant que le gérant ne refuse de continuer à le servir. Vexé, il est allé chercher une arme dans sa voiture

- G. D.

Certains ont le vin mauvais. Roland, lui, c’est le pastis. L’abus d’alcool n’est pas bon pour tout un tas de choses, et notamment pour l’équilibre. Cet artisan de 38 ans en a fait l’expérience le 3 décembre dernier, dans un bar de Néoules quand, à force de lever le coude, il est tombé de son tabouret. En habitué des signes d’excès, le patron de l’établissem­ent a compris que Roland avait atteint le point de rupture. Il a donc refusé de le resservir et l’a raccompagn­é jusqu’à la porte, lui conseillan­t de rejoindre son domicile. Vexé, Roland s’est éloigné, en menaçant de revenir avec une arme. « Je n’aurais jamais pensé de ma vie qu’il allait le faire » ,a témoigné le cafetier, à la barre du tribunal correction­nel de Draguignan.

Un fusil chargé sur le ventre

Roland est allé jusqu’à sa voiture. Il y a pris un fusil de chasse à canons et crosse sciés. Il est revenu vers le bar en approvisio­nnant son arme, et a posé le canon sur le ventre du patron. Celui-ci n’a pas manqué de sang-froid. Il a pris le canon de l’arme, l’a écarté vers le ciel et, tout en parlant à Roland, a réussi à le lui ôter des mains. « J’ai laissé l’arme et je suis parti », a confirmé le prévenu. Les gendarmes, alertés par les témoins, ont été le chercher à son domicile. «C’était juste pour lui faire peur, je ne l’aurais jamais fait, a-t-il assuré au tribunal. J’avais bu une dizaine de pastis. Je regrette encore mon geste. »

Et si le coup était parti ?

« Il dit qu’il n’avait pas l’intention de tirer. Mais ça, le gérant n’en savait rien, a plaidé Me Virginie Feuz, aux intérêts du cafetier qui demandait l’euro symbolique. Imaginez que quelqu’un tente de le désarmer et que le coup parte tout seul. » Dans cette affaire de violence avec arme sans incapacité, un point inquiétait plus particuliè­rement le procureur Audrey Defontaine : « Pourquoi charger une arme dont on n’a pas l’intention de se servir ? » Elle a requis au principal un an de prison, dont six mois avec sursis et mise à l’épreuve (SME). « On ne le juge pas pour ce qui aurait pu se passer», s’est insurgée Me Hanna Akacha. Elle estimait que Roland, en proie à une dépression, avait surtout besoin de soins et qu’il fallait le soutenir dans cette démarche. Une demande entendue par le tribunal, qui a assorti d’une obligation de soins et de travail la condamnati­on de Roland à dix mois de prison, dont six avec SME, avec maintien en détention. Il devra aussi s’abstenir de fréquenter les bars, de rencontrer le gérant du café, et il lui sera interdit de porter une arme pendant cinq ans. Son fusil sera détruit.

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(Photo DR) Le tribunal correction­nel de Draguignan ordonne le maintien en détention.

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